Philippe FOLLIOT est député du Tarn, président de l’Alliance Centriste, vice-président de l’UDI, auteur de France sur mer, un empire oublié(Ed. du Rocher, 2009). Retrouvez l’appel de Philippe FOLLIOT sur http://www.fedom.org/philippe-folliot-mon-plaidoyer-pour-larchipel-france/
La France n’est pas continentale et européenne, elle est maritime et mondiale. Avec la deuxième zone économique exclusive au monde (dont 97 % Outre-mer), la France est le seul pays présent sur quatre continents et sur toutes les mers, chaudes et froides. La France est un archipel unique dans le monde!
Qu’attendons-nous pour prendre enfin conscience de ce formidable atout?
D’ailleurs, sait-on que l’économie maritime, c’est plus d’emplois directs et de valeur ajoutée que des secteurs comme l’aéronautique, le spatial ou l’automobile? Sait-on que l’OCDE estime que l’économie bleue devrait doubler d’ici 2030 au plan mondial? Sait-on qu’il existe deux fois plus d’entreprises à La Réunion ou aux Antilles que dans le Limousin?… Pourquoi ne pas se donner les moyens d’être au rendez-vous de l’avenir commun qui lie l’ensemble des Français présents sur cet «archipel national»? Pour la France, ces perspectives généreraient 600 000 emplois supplémentaires d’ici à 15 ans, dont 200 000 Outre-mer.
Y parvenir suppose que nous soyons en mesure d’affirmer davantage notre souveraineté, partout, et que notre Etat devienne stratège. Cela suppose aussi une vision de long terme, gaullienne, permettant d’engager un nouveau rapport de confiance, sans équivoque et pérenne, avec les Outre-mer et les acteurs de l’Economie bleue.
La France doit refuser les «Munich» maritimes et ultramarins, comme je l’ai illustré, en janvier, avec le combat pour que l’île Tromelin reste française. Renforçons les moyens de surveillance de notre zone maritime ; prenons la tête d’une refonte de la Politique Commune de la Pêche et défendons vigoureusement nos pêcheurs face au Brexit ; promouvons la préférence communautaire maritime ; garantissons sous pavillon français nos approvisionnements stratégiques, bâtissons un «Airbus de la mer» civilo-militaire STX/DCNS ; développons les liaisons jusqu’à nos grands ports ; élaborons une véritable planification des usages de la Mer, du littoral jusqu’aux plateaux continentaux… Tous ces éléments devront s’inscrire dans une stratégie qui sera validée à l’issue d’ «Etats-généraux de la mer», dès 2017, et sécurisée à travers une loi de programmation.
Pour faire profiter à l’économie ultramarine de 200 000 emplois bleus en 15 ans, fixons-nous l’objectif d’autonomie énergétique durable à horizon 2030 des territoires ultra-marins grâce aux énergies renouvelables ; transformons l’IFREMER en «NASA de la mer» dont les moyens doivent être enfin déconcentrés; valorisons les immenses potentiels aquacoles et halieutiques ultramarins ; développons le tourisme de séjour et de croisière et les sports nautiques… Je propose pour l’image et l’attractivité ultramarine d’organiser de grands événements sportifs comme un Tour de «l’Archipel France» par mer ou par air et de concevoir un «Louvre délocalisé» aux Antilles…
Face aux problèmes particuliers de santé publique outre-mer (pollution au chlordécone ; prolifération des algues sargasses ; drépanocytose), décrétons la recherche et l’éradication de ces fléaux «grande cause nationale».
Redonnons une chance et un idéal à la jeunesse: je propose de créer un «ERASMUS des outre-mer et de la mer» où tout jeune compatriote ultramarin doit pouvoir effectuer un partie de son cursus en hexagone avant ses 25 ans (et réciproquement pour les jeunes hexagonaux volontaires) ; établissons un «service civique de la Mer» pour encourager notre jeunesse à découvrir les métiers de l’économie bleue.
L’Etat, pour répondre à tous ces défis, doit enfin se donner les moyens. Si un «ministère de l’Outre-mer» est une tradition républicaine, l’Etat s’est borné depuis des décennies à la gestion purement régalienne et «ordre public» de la France ultramarine. Quant aux administrations chargées de la mer, elles sont faibles et dispersées alors que les professionnels, eux, sont déjà unis au sein d’un «Cluster maritime français». Si la prise en compte du développement durable est un acquis des Grenelles du précédent quinquennat, le rattachement des «entrepreneurs de la mer» à la tutelle écologique est une erreur. Il faut rompre avec ces vieux schémas. Je propose de bâtir un ministère inédit sous la Vème République: le ministère des «Outre-mer et de la mer». Joignons les légitimes ambitions ultramarines au développement de l’économie maritime. Nos compatriotes ultramarins y verront le signe que la Nation croit en leur dynamisme, les acteurs de l’Economie maritime y verront la reconnaissance de leur valeur ajoutée pour créer des emplois bleus. Voilà le bon cap pour le navire «France sur Mer».
Dans la lignée de mes compatriotes tarnais, de Lapeyrouse à Jean-Louis Etienne, je crois plus que jamais que les Outre-mer et la mer constituent une chance inestimable tant pour la France que pour l’Europe. Si Paul Claudel disait que «La mer c’est la vie du futur», j’affirme que «L’Archipel France sur mer, c’est la vie de la France du futur».
Philippe FOLLIOT
Président de l’Alliance centriste
Député du Tarn