En accordant leur confiance au gouvernement de transition et validant le projet de Constitution, soumis à référendum les 14 et 15 janvier, le peuple égyptien a franchi un pas supplémentaire vers la mise en place d’institutions représentatives et l’établissement d’un processus constitutif de l’état de droit. Avec un taux de participation de 38,6 % et un résultat de 98% des suffrages en faveur de la Constitution du 1er décembre 2013, rédigé par la Commission constituante, l’Égypte, trois ans après la Révolution du 25 janvier 2011, doit désormais veiller à ce que les prochaines élections – présidentielle et législatives – qui, conformément à la nouvelle Constitution, doivent se tenir d’ici six mois, confirment cette exigence démocratique, chèrement payée par les Égyptiens. Sur le fond, cette nouvelle Constitution à présent adoptée, représente peu ou prou une avancée par rapport aux Constitutions antérieures, notamment celle de 2012. Elle pose clairement les principes d’égalité des hommes et des femmes, du respect des droit de l’Homme, de la liberté de la presse, du droit de se réunir et de manifester, de la protection des citoyens contre l’arbitraire, de la liberté de croyance, de la supériorité des traités internationaux signés par l’Egypte, du multipartisme. En cela, elle s’inscrit à la fois dans la continuité des Constitutions antérieures tout en progressant dans le sens d’un cadre affirmant le caractère civil de l’Etat, dont la légitimité est basée sur la souveraineté du peuple et qui s’affirme comme une structure différenciée, surplombant les intérêts particuliers et assurant la liberté et la dignité des citoyens. Même si on peut s’interroger sur le poids de l’armée comme l’atteste la nomination du Ministre de la défense par le conseil suprême des forces armées. Malgré le danger rampant du terrorisme, avec plus de 20 millions d’Egyptiens qui ont voté oui, deux fois plus que lors du précédent référendum de 2012 proposé par l’ancien président Mohamed Morsi, destitué en juin dernier, à la suite d’une mobilisation populaire sans précédent, c’est une nouvelle étape qui s’ouvre désormais. Elle n’est pas exempte de défis, devant lesquelles l’Egypte ne pourra faire face seule. La France, qui a toujours été aux côtes de l’Égypte, est particulièrement attendue à cet égard. Elle se doit ainsi de défendre les acquis des manifestants de la place Tahrir, de ne pas trahir l’esprit de la révolution de 2011, de ne pas décevoir ses dizaines de millions d’Egyptiens qui sont descendus dans la rue fin juin dernier et d’aider les Égyptiens à faire face à la spirale de violence engagée par ceux qui refusent l’émergence d’une Egypte moderne.
Philippe FOLLIOT
Président du Groupe d’amitié France/Egypte
Député du Tarn