Le 14 janvier, Jean-Yves Le DRIAN, Ministre de la défense, est venue rendre compte de l’opération Sangaris en Centrafrique devant les membres de la commission de la défense et des forces armées de l’Assemblée nationale. A cette occasion, Philippe FOLLIOT, secrétaire de cette commission, a rendu hommage aux soldats engagés sur ce théâtre d’opération, puis a interrogé Monsieur le Ministre sur un éventuel déploiement des forces de gendarmerie européennes afin de réaliser des opérations de maintien de l’ordre et permettre aux soldats de se recentrer sur des missions plus spécifiquement militaires. Monsieur le Ministre a répondu favorablement à cette question tout en expliquant qu’il fallait opérer en prenant compte de la situation actuelle extrêmement compliquée.
Monsieur Philippe FOLLIOT. Je vous remercie à mon tour, monsieur le ministre, de venir nous rendre compte de l’opération Sangaris, comme vous l’aviez fait pour l’opération Serval. J’aimerais que vous transmettiez l’hommage de la représentation nationale à nos soldats, engagés dans une mission peut-être plus complexe encore que ne l’était celle du Mali. Nous nous félicitons de votre optimisme, même si la situation risque de durer plus longtemps que prévu, ne serait-ce qu’en raison de l’absence d’État – ce qui n’était pas le cas au Mali. Le 18 décembre dernier, lors des questions au Gouvernement, je vous avais interrogé sur un éventuel déploiement des forces de gendarmerie européennes. Demander à des piliers de jouer à l’aile, ou l’inverse, n’est pas évident : les tâches de maintien de l’ordre, dont nos soldats s’acquittent avec sang-froid et retenue, ne sont pas le cœur de leur métier. Au sein de la MISCA, le nombre de gendarmes et policiers devrait passer de 400 à 800. Le déploiement de gendarmes français est-il prévu, ne serait-ce que pour encadrer des forces de l’ordre venues de pays de l’Union africaine ? Cela permettrait de redéployer nos soldats vers des missions plus spécifiquement militaires. Si, comme vous l’espérez, une opération européenne a lieu, le quartier général sera-t-il établi en France, éventuellement au mont Valérien comme ce fut le cas pour d’autres opérations ? Y a-t-il, outre l’envoi d’un contingent belge, d’autres perspectives de participations, qu’elles soient humaines ou, surtout, financières ?
Monsieur le Ministre. Les Estoniens ont manifesté leur intention de participer, même dans un cadre bilatéral. L’État centrafricain existe encore par lambeaux ; le réactiver est donc possible, pour organiser des élections avant la fin de l’année, si l’autorité de transition en a la volonté. Une évolution positive est possible si cette dernière gagne le respect de tous. Le Président et le Premier ministre ne pourront se présenter à l’élection présidentielle ; les membres du Gouvernement, eux, le pourront. Pour nos soldats, l’opération est peut-être moins difficile physiquement qu’au Mali, mais plus difficile nerveusement. Leur action me laisse admiratif. Ils doivent souvent passer, en très peu de temps, d’une opération de maintien de l’ordre à une autre, plus spécifiquement militaire. La présence de gendarmes européens me paraît effectivement nécessaire ; elle devient au demeurant visible au sein de la MISCA. L’une des difficultés de la situation que nous avons trouvée en arrivant sur place était que les gendarmes et policiers centrafricains, réputés réguliers, étaient en réalité des Séléka déguisés. L’assemblée du CNT vient d’annoncer que l’élection aurait lieu samedi, et que les candidatures peuvent être déposées jusqu’à jeudi. Comme je l’indiquais, le processus de transition se met en œuvre.