Lettre d’information n°139 du mercredi 10 décembre 2014
Comme je l’ai dit lors de ma dernière question d’actualité, « Sivens, ce n’est pas le seul lieu d’inadmissibles affrontements contre les forces de l’ordre qui ont dramatiquement coûté la vie à un manifestant.
Sivens, ce n’est pas un méga barrage mais une très modeste retenue d’eau, d’1,5 million de m3 à peine, si utile et attendue tant pour le soutien à l’étiage que pour les petites exploitations, souvent bio, de la vallée.
Sivens, ce n’est pas qu’une zone de non-droits où les lois de la République sont bafouées avec constructions illégales, contrôles d’identité et barrages filtrants tenus par de pseudos milices dites Zadistes.
Sivens, ce n’est pas qu’une insupportable attente pour les riverains qui n’en peuvent plus de subir une telle situation.
Sivens, ce n’est pas qu’une opération marquée par les relations « inces-tueuses » du Conseil Général du Tarn et de la Compagnie des Coteaux de Gascogne pour un dossier malheureusement pas si bien bouclé que cela comme en attestent les menaces de l’Union Européenne sur son financement.
Sivens, c’est aussi et surtout un symbole. Chacun doit comprendre qu’il y aura pour tous les projets d’intérêt public et collectif du pays un avant et un après Sivens. Tous les décideurs savent dorénavant qu’un projet administrativement, financièrement et juridiquement bordé avec des procédures judiciaires rejetées, de par la volonté d’une minorité agissante appuyée par des casseurs peut s’arrêter.
La volonté du gouvernement de laisser « pourrir » la situation, en nommant experts après experts qui produisent rapports après rapports, est la pire des solutions. Les opposants l’ont parfaitement compris, chaque jour qui passe est une perspective de reprise rapide des travaux qui s’éloigne et un projet utile que l’on condamne ».
Après Notre-Dame des Landes et maintenant le Center Parcs de Grenoble, au-delà des arguments développés, c’est une forme de radicalisation de notre société qui m’inquiète. Nul ne croit en la vérité mais en SA vérité ! On n’écoute plus, on ne débat plus, mais on veut imposer toujours plus.
Notre démocratie est imparfaite et si les coupables relations endogènes entre le département et la Compagnie des Côteaux de Gascogne sont très contestables sur Sivens, la remise en cause par une minorité plus ou moins violente de nos mécanismes démocratiques de décision est inacceptable. Où va-t-on ? La France va-t-elle se figer ? L’instrumentalisation des peurs, les excès du principe de précaution… tout cela a de quoi nous alarmer et c’est pour cela que j’ai décidé de réagir.
Au-delà de la probable retraite en « rase campagne » face aux casseurs et du très prévisible abandon pur et simple du projet, cette « irruption focalisée sur Sivens » a transformé un tout modeste projet en médiatique symbole national. Ce sont ces petits comportements individuels quotidiens du « je veux que », « j’ai droit à », « il faut que », « j’exige » qui sont le terreau de cette situation. Le respect de l’autre et l’intérêt collectif sont des fondamentaux d’urgence à retrouver !
Amitiés,
Philippe FOLLIOT