Philippe FOLLIOT interroge le Ministre de la Défense sur l’emploi des forces armées françaises

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Récemment, la Commission de la Défense a eu l’opportunité d’auditionner M. LE DRIAN, Ministre de la Défense Nationale et des Forces Armées. Cela a permis aux membres présents de l’interroger sur les conditions d’emploi des forces armées lorsqu’elles interviennent sur le territoire national pour protéger la population, mais également et de manière plus large sur les enjeux militaires globaux.

Philippe FOLLIOT, secrétaire de la Commission, a souhaité aborder la situation dans plusieurs pays, notamment en Ukraine, en Algérie et en Égypte.

Voici l’intervention de M. LE DRIAN et la réponse du Ministre :

Philippe Folliot. Monsieur le ministre, vous n’avez pas abordé l’engagement russe en Ukraine. Nous ne sommes certes pas impliqués dans ce conflit, mais il a des conséquences indirectes sur ce qui se passe en Syrie et en Irak.

Au-delà des discussions politiques internes aux différentes fractions libyennes en vue de la constitution d’un gouvernement d’union nationale – tentative qui s’est soldée par un échec –, l’enjeu est capital car contrairement à la Syrie et à l’Irak, la Libye est très proche de l’Europe occidentale. L’action entreprise pour lutter plus efficacement contre les passeurs et les trafiquants d’êtres humains montre une prise de conscience de ce danger. Mais aucune solution ne pourra être trouvée sans la participation des deux grandes puissances régionales : l’Algérie et l’Égypte. Nous avons des liens historiques avec l’une et des relations fortes et constructives avec l’autre. Prépare-t-on une intervention pour éradiquer la base de Daech autour de Syrte avant qu’elle ne prenne trop d’importance ? Au-delà des frappes aériennes, nous pourrions apporter notre aide par le biais d’un engagement au sol.

Le Ministre. Monsieur Folliot, en Ukraine, les violations des accords continuent, mais globalement le dispositif tient debout. Les discussions entre ministres des affaires étrangères — 10 — laissent à penser que le format Normandie fonctionne plus ou moins bien. On observe une relative stabilisation de l’instable.

Monsieur Folliot, nous parlons régulièrement avec les Algériens et les Égyptiens, tout comme avec le Tchad et la Tunisie, pour les amener à faire pression sur le parlement de Tobrouk et les autres acteurs. Aucun de ces pays ne souhaite une intervention au sol de notre part ; leur intérêt est donc de voir se constituer un gouvernement libyen dont ils veulent nous voir participer à la sécurité. Nous ne le ferons qu’en cas de demande à la communauté internationale émanant d’un gouvernement dûment reconnu. Ce gouvernement disposera lui-même d’une force armée non négligeable ; je ne peux donc pas prévoir la teneur exacte de sa future demande. Quoi qu’il en soit, les forces libyennes ne sont pas en mesure aujourd’hui d’enrayer seules l’expansion de Daech. Mais que faire si ce gouvernement ne se met pas en place ? Le négociateur des Nations unies, M. Martin Kobler, apparaît très habile, et on a beaucoup avancé depuis un an. J’espère que ce processus aura une issue positive.

Philippe FOLLIOT interroge le Ministre de la Défense sur l’emploi des forces armées françaises