Jean Arthuis, sénateur centriste, défend un front républicain.
“En cas de duel avec le FN, je voterai pour le candidat socialiste”
Jean Arthuis préside la commission des finances du Sénat. Le sénateur de la Mayenne, ancien ministre de l’Economie et des Finances, dirige également l’Alliance centriste, une des chapelles de la famille du centre.
Face au FN, doit-on mettre en place un front républicain ?
Faut-il l’appeler ainsi ? Je ne sais pas. Pour qu’un tel front existe, il faudrait d’abord que le PS prenne les mêmes engagements à l’égard des candidats de l’UMP et du centre opposés à des candidats FN. Chacun doit être clair dans ses positions et affirmer que nous ne souhaitons pas l’élection d’un candidat du Front national parce que nous ne partageons pas ses valeurs et que ses propositions constituent des impasses. Pour ma part, j’ai pris position très clairement. J’ai dit qu’en cas de duel entre un candidat FN et un candidat socialiste, je voterai pour le candidat socialiste.
Ne craignez-vous pas de conforter les propos de Marine Le Pen pour qui UMP et PS sont identiques ?
D’un côté, vous avez Marine Le Pen et de l’autre, Jean-Luc Mélenchon. Les propos de ce dernier entrent en résonance avec ce que vivent nos concitoyens face au chômage, à l’insécurité, à l’euro, aux délocalisations et à la mondialisation. Et ses propositions aboutissent également à des impasses absolues. Tout comme celles de Marine Le Pen. A la vérité ce que je redoute, c’est de voir une UMP tentée de courir derrière Marine Le Pen, tout comme le PS ne va pas tarder à le faire derrière Jean-Luc Mélenchon et son extrême gauche.
Le débat sur la laïcité et sur la place de l’islam en France voulu par la majorité a-t-il contribué à nourrir le vote frontiste ?
Certainement pour une part. Mais enfin, la laïcité, vivons-la au quotidien ! Il n’y a pas besoin de débats sur ces sujets. Nous n’avons pas été élus pour débattre, mais pour agir sur des sujets autrement plus importants que sont l’état de nos finances publiques, la compétitivité du travail et les réformes qui aujourd’hui ne peuvent plus attendre.
Qu’il y a urgence à ce que les centristes se rassemblent. Jean-Louis Borloo, dont le Parti radical est associé à l’UMP, ne peut pas rester dans cette situation. Et certains de nos amis centristes qui sont également à l’UMP vont devoir sérieusement se poser des questions. Je pense qu’il existe en France une impatience, une attente d’une offre centriste dans le paysage politique. Et j’invite d’urgence ceux qui, parmi nous, sont identifiés comme de possibles leaders à sortir rapidement de leurs querelles d’ego.
Christophe Forcari