Europe et Renaissance

| 24 MAI 2019 | 

Parce que très attaché à la France, à ses valeurs et à son drapeau, dans une « vie antérieure », j’ai été proche de ceux que l’on pourrait qualifier aujourd’hui « eurosceptiques ». Je trouvais l’Europe bureaucratique, éloignée, tatillonne. J’ai voté « non » au référendum sur le traité de Maastricht ainsi qu’au référendum établissant une Constitution européenne. J’ai fait partie des rares députés de la majorité de l’époque à ne pas avoir voté le « traité de Nice », car selon moi, ce que le peuple avait rejeté, c’était au peuple souverain et non à ses représentants de le ratifier.

De ma filiation gaulliste social, j’ai gardé une forme de pragmatisme visant à ne pas rester sur des positions figées mais à admettre les choses telles qu’elles sont. J’ai toujours donné un crédit essentiel à l’Europe, celui d’avoir apporté à notre pays et à notre continent la plus longue période de paix et de prospérité qu’ils n’aient jamais connue.

Même si certaines critiques que j’ai formulées précédemment trouvent toujours un certain écho aujourd’hui, fort d’une certaine expérience institutionnelle et d’une meilleure connaissance des pays européens et de leurs enjeux, j’ai beaucoup appris de l’Europe et fait évoluer mon jugement en en prenant plus compte l’importance et son impact décisif sur notre quotidien.

Si aujourd’hui je me classe du côté des « pro-européens », c’est que j’ai mieux pris conscience que dans un monde multipolaire toujours plus instable et dangereux, seule une Europe plus forte, unie et solidaire était de taille à faire face aux géants américains, russes, chinois, indiens… que ce soit en matière économique, de sécurité et de défense, de recherche, de protection sociale…

Loin de moi une vision romantique désincarnée de l’Europe, qui pendant très longtemps encore reposera pour beaucoup sur le socle multiséculaire des États qui la compose, mais c’est justement cette addition de langues, de cultures, de coutumes, de traditions et d’Histoire collective qui forme le terreau sur lequel se repose notre civilisation commune de filiation chrétienne. Notre jeunesse qui, toute Française soit-elle, est la plus Européenne des générations : elle bénéficie en premier lieux de ses valeurs d’échange, de dialogue, d’ouverture à l’autre. Le programme ERASMUS et son élargissement en est un formidable exemple.

J’entends ça et là les propositions des plus europhobes de revenir au franc, de rétablir les frontières (qui voudrait faire la queue au Perthus ?), de renationaliser la PAC, d’essayer de faire croire que notre sécurité sera mieux assurée par une armée et un renseignement repliés sur eux-mêmes, de rejeter les apports culturels de nos voisins et ne pas leur faire bénéficier des valeurs et engagements de la France… Pour autant, ces positions rétrogrades peinent à convaincre car elles ne sont pas réalistes, comme l’illustre le Brexit qui va affaiblir durablement la Grande-Bretagne. Le monde actuel est plus ouvert que jamais. Rétablir ces types de barrières et frontières est une illusion et contre-productif dans le monde des télécommunications, de la dématérialisation, de l’internationalisation dans lequel nous vivons. Si nous voulons peser sur ces échanges, en être acteurs et non-plus les subir, nous devons y prendre notre pleine part. Pour peser, la France ne trouvera sa force que par une Union Européenne refondée et renforcée.

Les enjeux qui se posent à nous, qui nous marquent au quotidien comme de façon globale, ne peuvent plus être uniquement gérés par le niveau local ou national. L’Europe fait déjà beaucoup : aides européennes au développement des entreprises et de l’emploi, support aux investissements des collectivités, participation à la sauvegarde de l’agriculture… Elle doit en faire plus et je me range aux côtés de ceux qui pensent de même. Désormais, il est temps de lutter contre le réchauffement climatique, la pollution et les atteintes à la biodiversité que nous constatons et subissons au plus près de chez nous au niveau le plus pertinent qui est continental. Il est temps que les géants du numérique participent aux investissements du pays en étant justement taxés. C’est au niveau européen que nous pouvons plus efficacement l’imposer aux GAFAM. Il est temps qu’en matière migratoire et de politique d’asile nous sortons d’une hypocrisie malsaine entre pays partenaires. C’est à toute l’Europe de gérer ces flux humains passés par la Méditerranée et pas aux seuls pays côtiers. Il est temps que nos valeurs démocratiques se réaffirment et se renouvellent : c’est à nouveau à l’Europe, qui a vu naître et se perfectionner la démocratie, de se saisir de ce sujet alors qu’elle est gangrenée par la progression des populismes et mouvements les plus radicaux. C’est ce cap, résolument européen, que le Président Emmanuel MACRON a fixé lors de son discours fondateur de La Sorbonne le 26 septembre 2017 : il se distinguait déjà de nombre de chefs d’État par une position courageuse et assumée avec une vision prospective de notre continent.

Si a contrario certains irresponsables veulent « jeter le bébé avec l’eau du bain », ce dimanche, nous avons un rendez-vous crucial pour l’avenir, un rendez-vous démocratique où tout le peuple peut dire ce qu’il pense – et ce au-delà de l’agitation parfois violente et haineuse des rues et des ronds-points – un rendez-vous pour l’Histoire au regard des grands défis de demain pour une Europe libre et non-assujettie aux intérêts mercantiles des multinationales ou des autres grandes puissances planétaires. Casser l’Europe ne fera pas grandir la France, et ce dimanche, pour moi peut-être, pour mes enfants et ma petite-fille certainement, pour mon pays assurément, je voterai pour la liste Renaissance menée par Nathalie LOISEAU.

Amitiés, 

Philippe FOLLIOT

Europe et Renaissance