Impressions d’Afghanistan

Edito lettre d’information n°87 du 28 janvier 2011

Pour la quatrième fois depuis juillet 2008, je me suis rendu la semaine dernière dans ce pays si particulier, si insaisissable et toujours en guerre qu’est l’Afghanistan.

Le fait de s’y rendre plusieurs fois et de surcroît seul (cette fois dans le cadre de la préparation de mon rapport parlementaire sur les actions civilo-militaires), sans journaliste, en prenant autant que possible le temps (quatre jours sur place) permet de se forger une opinion loin des clichés véhiculés par une certaine presse.

Tout d’abord contrairement à ce que beaucoup pensent, j’ai pu constater une amélioration de la sécurité sur Kaboul. Les fois précédentes, les contacts avec cette ville se résumaient à quelques images furtives captées à travers les vitres blindées d’une voiture nous transportant, lestés d’un gilet pare-balles, à vive allure entre l’aéroport de KIA, la base française (Warehouse) et l’Ambassade quand ce n’était pas en hélicoptère pour aller d’un point à l’autre !

Cette fois, tout en respectant les indispensables consignes de sécurité, j’ai pu aller trois fois au restaurant, une fois sur un marché, visiter le musée, le centre culturel français et rencontrer des ONG et… quelques Afghans ! Cela est d’autant plus notable et porteur d’espoirs que la sécurité de la capitale et des alentours est assurée par la police et les forces armées afghanes.

Avant toute chose, qu’il me soit permis de saluer la qualité des personnels et du travail de nos compatriotes français sur le terrain, militaires bien sûr (j’y reviendrai) mais aussi civils, qu’ils soient à l’Ambassade, au centre culturel, à la DAFA (mission archéologique française) et aussi et surtout dans les ONG. Une mention particulière pour Afrane Développement et Le Pélican qui, l’une dans le développement agricole en Kapissa notamment (via les ACM) et l’autre dans l’éducation à Kaboul font un travail remarquable et exceptionnel. Apporter un cycle vertueux de prospérité via le développement agricole ou l’éducation pour tous y compris les « exclus » de la société afghane (Azaras) est une des clés du problème afghan car plus que jamais je suis convaincu que la solution ne sera pas… que militaire !

La journée en Kapissa a été pour moi au départ un choc en arrivant sur les FOB (bases) de Nijrab comme de Tagab. Je n’ai pas du tout retrouvé les conditions d’extrême rusticité qu’avait connues le « Grand Huit » il y a deux ans. De la toile de tente on est passé progressivement au dur, du provisoire au durable ! En revanche, il y a une chose qui n’a pas changé, c’est le professionnalisme et la motivation de nos soldats qui, dans des conditions souvent difficiles, accomplissent un travail exemplaire. De rudes coups ont été portés ces derniers mois à la rébellion avec des avancées significatives pour faire progresser état de droit, sécurité et développement dans des zones très oubliées par le passé, laissées à elles-mêmes et donc aux insurgés et à leurs méthodes le plus souvent mafieuses et barbares !

Un mot enfin sur nos Volontaires du « 8 » que j’ai côtoyés à la COP de Tagab, trop rapidement (nous n’avons passé que deux heures ensemble) mais si intensément. Un bilan m’a été présenté de leur action d’encadrement et d’accompagnement de l’Armée Nationale Afghane qui, grâce à leur professionnalisme, leur aide et leurs conseils, progresse très rapidement à tel point qu’elle est aujourd’hui associée à toutes les opérations sur le terrain quand elle ne les mène pas seule. Comme ils sont au cœur de leur métier, dans une mission que tous jugent passionnante, angoisse et fatigue sont dépassées par le volontarisme dans l’action. Je leur ai dit que nous étions fiers d’eux avant de partager un moment de répit et de convivialité.

J’aurai une autre fois l’occasion de revenir sur l’objet de cette visite, à savoir la préparation de mon rapport sur les actions civilo-militaires comme sur l’affaire des deux otages français, Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière, sur laquelle je ne souhaite pas m’exprimer en public et pour le moment, en espérant leur libération très rapide.

 

Amitiés,

Philippe Folliot.

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