| 7 MAI 2020 |
Notre société manquerait-elle de bienveillance ? Pourquoi, quasi systématiquement, faire un procès d’intention là où on pourrait faire crédit d’intention ?
Le débat est normal, la confrontation d’idées et la divergence d’opinions est salutaire dans une démocratie, mais pour autant faut-il toujours essayer de critiquer l’autre, d’abaisser l’autre, de blesser l’autre… Il y a quelques mois, dans Ma France, Cent discours pour convaincre, j’écrivais « il y a aussi un autre facteur essentiel, c’est le capital expérience. Il y a des choses que j’ai prononcées par le passé qu’aujourd’hui je dirais très différemment, car à la fougue et à l’impétuosité de la jeunesse a succédé une tempérance que je n’aurais pas l’outrecuidance de nommer sagesse.
En effet, j’ai été, par le passé, beaucoup plus dur, clivant et impulsif que je ne le suis désormais. Non pas que je sois « affadi » car certains peuvent en témoigner, j’ai gardé capacité à « relever quelques mêlées oratoires », mais, objectivement, je pense qu’avec patience et modération on peut souvent arriver à un résultat aussi positif qu’avec précipitation et agressivité ».
Certains pensent que la bienveillance c’est le contraire de la politique, tant parfois ce milieu est dur, agressif, transgressif et ne laisse que peu de place aux sentiments. Cela n’est pas complètement faux, mais pour autant, même si c’est moins frontal, je ne suis pas sûr que le monde de l’entreprise, le monde de la finance, le monde syndical, le monde associatif… soient toujours des havres de concorde et de modération.
Être Président, être au gouvernement ou être parlementaire de la majorité, cela revient de plus en plus à être dans un état de bienveillance de la part de l’opinion, des partenaires, des adversaires…, pendant six mois, puis, inévitablement, à chaque fois, les choses se compliquent. Cela voudrait-il dire que seulement les six premiers mois devraient être utiles et qu’ensuite on en serait réduits à attendre les prochaines échéances, à expédier les affaires courantes…
Dans un monde qui bouge, qui change, qui se transforme, tout cela n’est tout juste pas possible.
Le choix du Président et du gouvernement a été d’être utiles et réformateurs tout au long du quinquennat. Cette volonté n’a manifestement pas trouvé un écho bienveillant dans les oppositions, cela on peut le comprendre et c’est le jeu démocratique. Mais maintenant que nous sommes face à une situation exceptionnelle, ne faut-il pas qu’ils changent de méthode ? Pour ma part, j’en suis convaincu, et ai décidé de mettre cela en œuvre, notamment au sein de l’assemblée départementale du Tarn où, pour la première fois, j’ai décidé de voter le budget. Je ne suis pas sûr que tout le monde ait pris conscience de l’ampleur du choc que nous allons subir, cela va nécessiter la mobilisation de toutes les énergies, l’agrégation de toutes les initiatives, la promotion de toutes les volontés…
La bienveillance fait du bien à celui qui la donne, la bienveillance fait du bien à celui qui en bénéficie, et j’espère que cela sera le plus largement qui soit… partagé !
Amitiés,
Philippe FOLLIOT