| 27 MAI 2020 |
Passionné d’histoire, j’ai eu la chance de visiter parmi les plus beaux musées du monde et voir parmi les plus beaux monuments du monde, profitant d’un voyage privé ou en marge d’un déplacement officiel, j’ai toujours eu goût à aller dans ces lieux de mémoire que sont les musées et monuments.
Au-delà du plus célèbre et plus beau du monde, à quelques hectomètres de l’Assemblée nationale, le grand Louvre, et des grands classiques dans les grandes capitales du monde, certaines visites m’ont peut-être plus marqué et touché.
La plus insolite fut la visite en 2009 du musée de Kaboul aux trois-quarts vide, car aux trois-quarts pillé, avec un guide de l’Institut Français et un conservateur Afghan aussi passionnés que dépités. Un concert nocturne avec en toile de fond le temple d’Abu Simbel fut aussi un grand moment, comme le choc de la resplendissante beauté du Machu Pichu ou la visite du sublime musée Tchang Kaï-chek à Taipei…Ils ont tous un point commun : ils sont le témoignage de grandes civilisations, de belles civilisations, aujourd’hui disparues. Rien n’est éternel, pas même une grande civilisation et c’est avec consternation que l’on voit que des lieux de culture et de raffinement tombent assez rapidement dans les abîmes de l’obscurantisme et de la barbarie.
Après Al Andalous ou Tolède ont suivi l’inquisition d’un côté et le repli de l’autre. A ces lieux de tolérance où se côtoyaient en bonne intelligence les plus grands savants, érudits et poètes des trois grandes religions monothéistes dans des civilisations particulièrement ouvertes et tolérantes ont succédé des périodes troubles, puis des périodes noires !
En fait, le propre d’une civilisation, c’est qu’on ne sait pas exactement quand elle naît ni exactement quand elle meurt, ou tout au moins les contemporains ne s’en aperçoivent pas. A un éveil subreptice, lent, constant d’une civilisation suit sa disparition qui s’étire plus ou moins dans le temps même si parfois des guerres, des invasions, des catastrophes sanitaires, climatiques ou naturelles peuvent être de singuliers accélérateurs.
Ensuite, le temps fait son œuvre, les vies passent et trépassent, la mémoire individuelle s’efface et à la fin ne restent que des pierres, pardon, des monuments ; des objets, pardon, des trésors ; voire des papiers, pardon, des chefs d’œuvres, qui arrivent en plus ou moins bon état jusqu’à nous. Grâce au travail méticuleux, précis et passionné des archéologues, égyptologues, spécialistes des civilisations anciennes… se reconstitue le puzzle de leur renaissance mémorielle.
Oui, les civilisations meurent, mais le génie, plus particulièrement celui des artistes qui les ont représentées, lui, est immortel. C’est donc avec émotion qu’aujourd’hui encore nous pouvons ressentir un frisson devant tel édifice, tel objet du quotidien, telle arme, telle sculpture, tel tableau, tel meuble…
Les Hommes sont à la fois les géniteurs et les assassins des civilisations, et celles-ci sont à leur image, mortelles. Seule Dame Nature, bien qu’aujourd’hui malmenée, et seules les valeurs intemporelles du génie humain restent… immortelles !
Amitiés,
Philippe FOLLIOT