Le taux de participation au premier tour des élections départementales et régionales m’interpelle au plus haut point. Avec un électeur sur trois qui s’est déplacé, nous avons atteint un seuil historique en matière d’abstention.
Le civisme est une pierre angulaire de la démocratie, et quand si peu se déplacent pour voter c’est le symbole d’un mal très profond. Je prends toute ma part de responsabilité dans ce véritable fiasco démocratique. Car si nos concitoyens ne se déplacent pas ou peu, c’est parce que nous, élus, n’avons pas su trouver les mots, les attitudes, le cadre pour établir la confiance, même si en qualité de sénateur j’ai été élu avec une participation de 99 %, cela était au suffrage indirect. Plusieurs autres facteurs entrent en ligne de compte pour aussi expliquer cela.
Tout d’abord, cette terrible épreuve de la pandémie, qui a particulièrement touché notre quotidien et a eu de terribles conséquences sur les plans sanitaire, économique, social et … sociétal ! En effet, le lien à l’autre s’est trouvé complètement bouleversé par cette situation de distanciation physique, qui a entraîné un certain repli sur soi et donc aussi une distanciation… vis-à-vis de la politique et de l’intérêt général.
Les grandes régions comme les nouveaux cantons ont eux aussi accru ce phénomène de distanciation. Les Conseillers départementaux illustrent ce phénomène de distanciation. Les Conseillers généraux des cantons historique étaient des élus de proximité que l’on connaissait à qui l’on s’identifiait. Aujourd’hui, c’est beaucoup plus difficile pour les binômes sur de très vastes territoires sans réelle identité.
Il en va de même pour ces grandes régions qui n’ont entraîné, contrairement aux promesses de la sinistre loi NOTRe, aucune économie, bien au contraire, ont favorisé un éloignement mortifère en matière d’identification. L’enchevêtrement et le manque de lisibilité des compétences entre les collectivités est aussi une source d’incompréhension des enjeux et donc d’éloignement du jeu politique pour les administrés. Finalement, relativement peu de citoyens connaissent les rôles et l’action de ces collectivités ce qui, in fine, se traduit par un désintérêt global.
Crise sanitaire, communication institutionnelle pour le vote erratique, des graves et préjudiciables ratés dans l’envoi de la propagande électorale, une nationalisation complètement déplacée de ces élections locales, des propos parfois “limite” de certains élus… sont autant d’éléments qui ont aussi concouru à faire progresser l’abstention. Au-delà de tout cela je pense que nous nous devons de redonner un nouveau souffle à notre démocratie, comme nous l’avons déjà proposé afin de retrouver les fondamentaux originels de la Ve République, au travers d’un véritable et meilleur partage du pouvoir, au sein de l’exécutif, entre exécutif et législatif, entre le national et le local.
Historiquement des démocraties ont sombré sous le poids de l’abstention, et demain il sera trop tard. Un seul mot d’ordre pour dimanche : “Aux urnes citoyens !”
Amitiés !
Philippe Folliot
