Mes récentes rencontres avec les maires du Tarn m’ont permis de constater une fois de plus ô combien est grand l’écart entre le local et le national ! Les deux mains dans « le cambouis du quotidien » nos édiles sont plus que jamais en première ligne face à leurs administrés pour le meilleur et malheureusement parfois... pour le pire. En effet, certains de nos concitoyens développent des comportements inadmissibles vis-à-vis de leurs élus: dénigrements, irrespect, violences verbales, menaces et dans les cas les plus extrêmes agressions et coups ! Au-delà d’être pénalement répréhensible cela renvoie à une société malade du comportement de quelques-uns ou la notion de droits supplante celle des devoirs et du respect de l’autorité publique.
Les élus en général et les maires en particulier sont des quasi-bénévoles du bien public, ils consacrent des heures et des heures à l’intérêt général, à une vision d’avenir pour leur collectivité, au service de leurs administrés. Ils parlent avec passion de leurs communes et de leurs projets pour celles-ci, ils agissent avec conviction pour développer leur territoire et satisfaire les habitants. Nul ne devrait oublier cela. Nul ne peut aussi ignorer qu’un maire d’une petite commune rurale est souvent la femme ou l’homme à tout faire car bien souvent les services municipaux se résument à une secrétaire de mairie ultra polyvalente mais à temps partiel et à un ou deux employés techniques. Le maire joue le rôle de directeur des ressources humaines, de chef de projet, de responsable financier et budgétaire, de développeur, de technicien de chantier, de V.R.P. communal, quand il n’assume pas lui-même des tâches administratives ou techniques. Vous comprendrez donc la colère ressentie quand des lâches s’attaquent à eux comme aux maires et élus de communes plus importantes, petites villes ou villes moyennes, et se comportent mal voire outrageusement mal vis-à-vis « des sentinelles de la République. » Pour ma part je pense que tout écart devrait être sanctionné, plainte déposée et réponse judiciaire ferme. Être « à portée d’engueulade » ne justifie pas la moindre « engueulade ». Si au Sénat, chambre des territoires, nous sommes tout à fait conscients de cela, je ne suis pas tout à fait sûr que dans l’administration centrale des ministères il en soit toujours de même. Le grand écart est réel et parfois les circulaires absurdes, les décisions décalées et inapplicables, les réglementations tatillonnes illustrent tout cela et suscitent l’incompréhension du terrain. Afin de réduire ce grand écart j’ai une proposition concrète, simple et qui ne coûte presque rien à faire ! Nous devrions rendre obligatoire pour tout responsable dans les administrations centrales un stage d’une semaine par an sur le terrain auprès d’un maire ou élu local, un temps auprès des fonctionnaires de terrain, pour ne pas dire de terroir, dans une commune rurale ou petite ville de nos départements leur ferait le plus grand bien et les mettrait face à l’applicabilité concrète de certains textes. Pour être honnête avec vous ce type de stage ne serait pas aussi complètement superflu pour certains parlementaires « hors sol » que j’ai eu l’occasion de côtoyer mais là c’est aussi une façon relancer le débat sur le cumul des mandats… Je peux témoigner que le fait d’exercer des responsabilités locales (sans cumul d’indemnités) serait une bonne chose et c’est tout le sens d’une proposition de loi du groupe Union Centriste du sénat auquel j’appartiens qui pour l’instant n’a pas eu trop d’échos favorables du côté de l’ Assemblée Nationale du moins pour le moment…. Faire la loi ou la mettre en œuvre par décrets et circulaires devrait se faire avec ce réel soucis de la mise en œuvre concrète avec du bon sens pour ne pas dire du… biaïs ! À l’heure de grands choix si engageants pour l’avenir peut-être de futures saines opportunités de réduire… le grand écart ! Amitiés, Philippe Folliot
Le Grand écart