Edito de la lettre d’information n°100 du 10 octobre 2011
En ce qui concerne les dernières sénatoriales, il est difficile de ne pas qualifier cette échéance de défaite symbolique pour la majorité actuelle. Il serait intéressant, au-delà de ce constat évident, d’analyser ce moment charnière et de tâcher d’en mesurer pleinement les conséquences. D’autant que la primaire socialiste, qui fut quoi qu’on en dise un réel succès, dénote une volonté profonde de changement.
Cette défaite nous amène en premier lieu à réfléchir aux raisons qui sous-tendent ce résultat édifiant. Outre l’explication sociologique, l’évolution du contexte institutionnel me semble être une explication pertinente. En effet, on ne peut faire fi de la réforme territoriale, qui rappelons-le, diminuera sensiblement le nombre d’élus locaux d’ici 2015. Mais si cette réforme explique pour partie ces résultats, le mécontentement profond que l’on constate n’est pas uniquement le fruit d’une réforme institutionnelle, si importante soit-elle. En effet, ce que l’on nous présente comme un simple jeu d’arithmétique n’est-il pas en soi une preuve patente d’un certain désamour à l’égard de la politique gouvernementale ? La grogne des grands électeurs s’inscrit dans une longue série de défaites essuyées par la majorité, cette dernière ayant perdu toutes les échéances électorales depuis 2004, à l’exception de la dernière présidentielle et des législatives. On peut donc considérer que cette défaite vient en partie sanctionner la politique gouvernementale, mais surtout au-delà de cette dernière un climat que l’on peut qualifier de délétère. Les récentes affaires, dont il est abondamment question dans les médias, viennent en effet ternir l’image de la classe politique dans son ensemble, et fragilisent par là-même notre idéal républicain.
Or, cette situation conforte les réserves que nous émettions, nous centristes, ainsi que les recommandations que nous préconisons depuis plusieurs mois. Il nous apparait tout d’abord indispensable qu’il y ait un candidat centriste lors des prochaines élections présidentielles. Et ce non pas pour semer le germe de divisions mais pour défendre des convictions profondes qui ne figurent ni au cœur de la politique gouvernementale ni au sein du programme de l’opposition. En outre, selon moi et nombre de mes amis centristes, les idées que nous défendons doivent être portées par un candidat indépendant, ce que visiblement Jean Louis Borloo n’a pas pensé pouvoir être. La présence d’un vrai candidat centriste serait en effet le meilleur moyen d’inciter le PS de crédibiliser ses propositions et l’UMP à rééquilibrer un discours qui nous semble démesurément orienté vers celui de la droite populaire. Car force est de constater que les orientations politiques prises par le gouvernement actuel semblent s’éloigner de l’idéal qui est le nôtre.
Pour ma part, j’ai toujours tâché d’agir conformément à mes convictions profondes, hors de toute considération partisane. J’ai ainsi été l’un des rares députés centristes à voter contre la loi TEPA (Travail, Emploi, Pouvoir d’Achat), alors même que la majorité et le Président étaient au faîte de leur pouvoir. Lorsque la majorité défend une politique qui me semble juste, je la soutiens. C’est d’ailleurs ce que j’ai fait à chaque fois que les réformes ou les décisions gouvernementales m’apparaissaient pertinentes et profitables à notre pays. Il en fut ainsi lors de la récente intervention française en Libye, où je fus l’un des premiers à souligner le courage et la clairvoyance de notre Président. Car c’est là à mon sens que réside l’essence même du centrisme : ne juger les actes qu’à l’aune de l’intérêt général.
Les récents évènements semblent donc conforter l’idée selon laquelle, nous centristes, avons des idées que nous nous devons de défendre au sein du débat public, et ce de façon audible et indépendante. Mais à notre tour, gardons nous de sombrer dans les divisions internes, les querelles de personnes et les ambitions démesurées, autant de maux qui nuisent à la crédibilité de notre démarche et à la recherche du bien commun.
Amitiés,
Philippe Folliot.