EDITO lettre d’information janvier 2025

« Tout va très bien Madame la Marquise »

« Tout va très bien, Madame la Marquise, 

Tout va très bien, tout va très bien,

Pourtant il faut que l’on vous dise, 

On déplore un tout petit rien… » 

Les paroles de la célèbre chanson populaire de Ray Ventura me semblent malheureusement revenir d’actualité, pas de jument carbonisée, d’ecurie incendiée,  de château flambé, de marquis ruiné , mais…

Alors que nous sommes dans une doucereuse forme de léthargie, les signaux inquiétants s’amoncellent après la dissolution ratée d’un président hors-sol , nous avons une situation politique des plus fragmentées et instables, au moment même où notre pays devrait être fort, uni et rassemblé pour faire face…

Faire face… aux enjeux internationaux, avec une agression Russe en Ukraine qui n’en finit plus, un Proche-Orient en guerre, une Afrique Sahélienne qui nous tourne le dos, une Chine plus décomplexée que jamais, un mandat Trump 2 non moins inquiétant que le premier, et une Europe qui… se cherche …!

Faire face…  à une situation financière, économique et sociale alarmante avec un endettement record (les seuls intérêts de la dette représentent 800 € par personne par an ) et des déficits publics abyssaux (-5,4 %), un budget qui ne sera in fine pas tenu, des défaillances d’entreprises qui s’accumulent en France comme dans le Tarn , une recherche qui…se cherche…!

Faire face… à une France qui doute. Nous sommes les champions du monde de l’épargne, avec des outre-mer en crise, une instrumentalisation des enjeux migratoires, une natalité en berne, une insécurité croissante, des prisons surpeuplées, une folie woke prégnante… Bref un pays qui…se cherche…! 

Pour faire face à tous ces enjeux, et bien d’autres encore, il y a deux options : le repli sur soi, l’égoïsme, le conservatisme , le populisme, la fuite en avant… Ou il y a le sursaut pour bien se dire que la France reste, malgré tout, un beau et grand pays, plein d’atouts avec : une remarquable qualité de vie, un système de santé malgré tout envié par beaucoup, un patrimoine exceptionnel, de nombreuses entreprises performantes, la meilleure gastronomie au monde, le premier domaine maritime, une jeunesse ouverte et entreprenante…

Ce sursaut doit passer par le courage et la responsabilité politique. Je suis consterné de voir un Premier ministre « prêt à tout »  simplement pour durer, renoncer à la responsabilité intergénérationnelle (notamment la lutte contre la dette), qui fut l’alpha et l’oméga de nos combats communs passés, dont  le symbole est le satisfecit collectif du renoncement de l’adaptation du nombre de postes dans l’Éducation Nationale suite à la chute du nombre d’élèves, le tout étant financé par un peu plus de dette…Vous comprendrez mieux ainsi pourquoi je n’ai pas voté son budget.

Ce sursaut pour s’en sortir devra être marqué du sceau du courage, mais aussi par une véritable révolution copernicienne, pour redonner le pouvoir aux territoires. 

Selon  moi, notre modèle de pouvoir hypercentralisé, symbolisé par un président de la République jupitérien omniprésent, omnipotent est complètement dépassé et doit évoluer. Le président doit présider. Le gouvernement doit gouverner et se recentrer sur le régalien. Le Parlement doit légiférer et contrôler. Les collectivités territoriales doivent avoir plus de moyens pour agir sur le quotidien, innover et impulser.

Ce sursaut pour s’en sortir devra, selon moi, passer par cette  nouvelle révolution, pour passer d’un système descendant (Paris décide, les territoires appliquent) à un système ascendant (les territoires agissent, Paris contrôle, appuie et soutient ).

Ce sursaut pour s’en sortir devrait s’appuyer sur le duo commune-département, car ils sont ancrés au cœur de la France depuis la Révolution et représentent cette échelle de proximité la plus pertinente, à laquelle nos concitoyens sont les plus attachés.

Est-il logique d’avoir une politique nationale du logement alors que les réalités de Paris, Saint-Denis, Toulouse, Bayonne, Castres, Saint-Sulpice, Cordes ou Arfons… n’ont absolument rien à voir ? 

Est-il efficace d’avoir une politique culturelle ou patrimoniale aussi centralisée ?

Est-il judicieux de subir une écologie punitive globale  plutôt qu’une politique environnementale locale ?… 

Pour faire face à d’autres révolutions qui se dessinent— celle de l’intelligence artificielle, celle de l’émergence de ces grands groupes de la haute technologie, plus puissants que les États — j’ai cette intime et profonde conviction qu’au delà des enjeux européens c’est en donnant plus de pouvoir et de moyens d’agir aux citoyens, aux communes, aux départements, que la France pourra faire face.

Et ainsi… peut-être… « tout ira mieux, Madame la Marquise ! »

Amitiés,


Philippe Folliot

EDITO lettre d’information janvier 2025