Philippe Folliot est intervenu récemment dans le cadre de l’examen de la loi de finance 2012, alors que les députés se prononçaient sur les crédits alloués à la défense nationale.
En voici la retranscription intégrale :
M. Philippe Folliot. Monsieur le président, monsieur le ministre, monsieur le président de la commission, messieurs les rapporteurs, mes chers collègues, je souhaiterais tout d’abord rendre un hommage appuyé à l’ensemble de nos concitoyens servant sous les drapeaux, et plus particulièrement à ceux qui se trouvent en opérations extérieures. Ils exercent une mission particulièrement difficile. Nous pensons tous à ceux qui, en Afghanistan, au cœur de la vallée de Kapisa, portent, en agissant dans le cadre du droit international, les couleurs de la France.
Le député de la ville de Castres que je suis… je vois, mes chers collègues, que vous vous associez à l’hommage que je souhaite rendre aux hommes du huitième RPIMa et en particulier à ceux de la onzième brigade parachutiste, ainsi qu’à tous nos soldats, quelle que soit l’unité dans laquelle ils servent, car ils font tous un métier difficile, avec un engagement à nul autre comparable, qui peut impliquer le sacrifice suprême, celui de la vie. M’étant rendu en Afghanistan il y a quelques mois, ainsi qu’au Tchad, j’ai pu constater le grand professionnalisme et les vertus d’abnégation de nos militaires.
Arrêtons-nous quelques instants sur les grands chiffres de ce budget. Alors qu’il devait augmenter de près de 480 millions d’euros, les différents coups de rabot portés sont cause qu’il n’augmente au bout du compte pratiquement pas. La progression des crédits que nous jugions indispensable n’est malheureusement plus à l’ordre du jour, et c’est un peu inquiétant. Au groupe du Nouveau centre, nous nous posons donc des questions et souhaitons émettre quelques réserves. Que penser en effet d’un budget qui ne progressera pas autant que prévu en 2012 et qui bute sur les perspectives qui se dégagent à partir de 2013 ? Nous savons que ce budget repose pour beaucoup sur des recettes exceptionnelles.
Ces recettes, que ce soient les ventes de fréquences ou les cessions immobilières, arriveront un jour ou l’autre à leur terme. Ce n’est pas sans nous interpeller quant à l’avenir, car cela s’ajoute à la problématique du Rafale, que nous n’arrivons malheureusement pas à exporter, alors que la loi de programmation militaire prévoyait que, sur les cinq années de programmation, la production d’un avion par mois, onze avions par an, serait financée pendant deux ans par les exportations.
Dès lors, compte tenu également des contraintes financières et budgétaires, ainsi que des coups de rabot passés et à venir, si ce budget 2012 va nous permettre de passer le cap sans trop de difficultés, nous pouvons avoir des craintes pour la suite.
La question qui se pose à nous, c’est de savoir si ce budget va nous permettre d’assumer notre fonction de puissance militaire globale présente sur l’ensemble du spectre. À terme, nous avons quelques inquiétudes à cet égard. Nous avons certes constaté la qualité et le professionnalisme de nos aviateurs, de nos marins, de nos terriens, tout particulièrement ceux de l’aviation légère de l’armée de terre, l’ALAT, en Libye, mais force est de constater que, si nous avions dû mener une autre opération concomitamment ou même tout de suite après, nous aurions été rapidement en rupture capacitaire. Les militaires ont fait preuve par le passé d’un grand sens des responsabilités pour que ce que l’on a appelé un temps la « bosse » budgétaire soit rabotée sans trop de difficultés. Quand une unité fermait dans une ville, cela faisait souvent moins de bruit que la fermeture d’un simple TGI, alors que les conséquences étaient autrement plus importantes.
Il me paraît essentiel que ces efforts soient reconnus à leur juste valeur et, en tout état de cause, monsieur le ministre, que cette exception de la défense, par laquelle les économies engendrées sur le fonctionnement sont consacrées à l’investissement, puisse être maintenue le plus longtemps possible.
En conclusion, pour être l’auteur d’un rapport sur les opérations civilo-militaires, je suis convaincu de la nécessité de mettre l’accent sur celles-ci. Après la phase d’intervention sur les théâtres viennent une phase de stabilisation puis une phase de sortie de crise. Nous avons aujourd’hui, en Afghanistan, l’impérieuse nécessité de nous doter des moyens de sortir de ce conflit avec les meilleures perspectives de stabilité pour l’avenir.