Edito de la lettre d’information n°99 du 23 septembre 2011
A
Alors qu’une crise sans précédent s’abat sur les pays occidentaux, que la solidarité européenne semble fléchir sous le poids des contraintes économiques et financières, et que la France est plus que jamais divisée, l’unité doit figurer au centre de notre projet politique. Dans les moments les plus difficiles de leur histoire, les Français ont fait preuve d’une capacité singulière à surmonter leurs oppositions et à se rassembler pour la défense du bien commun. Ils ont construit dans ces rares périodes d’unité nationale les fondements essentiels de notre pays, comme le fit en son temps le Conseil National de la Résistance.
Les circonstances actuelles exigent que des personnalités issues de tendances politiques différentes s’unissent afin de faire face à ces difficultés croissantes. Mais pour que cette majorité de courage puisse émerger lors de la prochaine législature, un acte fondateur est nécessaire, un pacte inébranlable dont le peuple soit à la fois le signataire et le garant. Or il nous semble que la voie référendaire soit ici la plus pertinente. Car sans la légitimité que confère une large adhésion populaire, cette proposition tomberait dans l’oubli dès l’annonce des résultats électoraux. La question serait la suivante : « Voulez-vous, oui ou non, que le futur gouvernement de la France soit proportionnellement constitué de représentants issus des forces politiques élues à l’Assemblée nationale ? » En répondant massivement « oui », les Français, dans leur sagesse et leur maturité républicaine, reprendraient le pouvoir qui leur semble parfois confisqué par les partis. Loin des petits arrangements de couloirs et des stratégies politiciennes, ils imposeraient un cadre institutionnel profondément rénové à leurs dirigeants politiques. La France se doterait alors d’un gouvernement rassemblant toutes les formations politiques, qui à l’exception des extrêmes, pourraient mettre à profit leurs compétences au service de notre pays. Cette équipe gouvernementale agirait sous l’autorité d’un Président placé au-dessus des partis. Ainsi, conformément à la lettre de la Constitution de la Vème République, le Président resterait celui qui « assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l’État. ».
Certains qualifieront cette initiative d’utopique et de démagogique. Pourtant, partout dans le monde, des États ont recours à des formes temporaires ou structurelles de coalition pluraliste, où l’intérêt général est l’aiguillon de toute action politique. D’autant qu’en France, la gestion commune des affaires publiques est plus fréquente que l’on ne croit. En témoignent de nombreux villages, villes et autres intercommunalités, qui sont généralement administrés par des équipes communales pluralistes. De surcroît, cette union nationale a déjà été évoquée par différents responsables politiques de premier plan, issus notamment du courant centriste. Ce dernier ayant plus que tout autre vocation à défendre ce projet. D’autant que l’union transpartisane semble plébiscitée par nos compatriotes, près d’un Français sur deux ne se retrouvant pas dans la dichotomie droite-gauche.
D’aucuns agiteront le spectre de l’immobilisme, qui résulterait nécessairement des antagonismes internes, inhérents aux formations multipartistes. Nous leur répondons que l’attentisme est le luxe des périodes fastes, et que la responsabilité est le privilège des grands hommes d’État. Ce noble dessein, il appartient aux Français de l’écrire lors des prochaines échéances électorales, car ce sont les fondements mêmes du vivre-ensemble qui sont ici en jeu.