Philippe FOLLIOT est intervenu ce mercredi 27 février sur la suite de l’intervention française Mali lors d’un débat dans l’Hémicycle. Saluant la mémoire de nos deux soldats morts au combat et le courage de nos 4000 militaires, il a assuré le soutien sans faille du groupe UDI. Il a rappelé que la stabilisation politique de la zone, que le développement du Mali et de l’Afrique toute entière étaient des objectifs primordiaux, car assurer la sécurisation de l’Afrique, c’était assurer la sécurisation de l’Europe. Enfin, il a affirmé que seule une solution paneuropéenne et même mondiale pouvait régler le problème du terrorisme au Mali et en Afrique.
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Philippe FOLLIOT : Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, messieurs les ministres, chers collègues, à la demande pressante du gouvernement malien, la France est engagée au Mali dans le cadre de l’opération Serval depuis le 11 janvier 2013 pour faire face à une attaque terroriste d’envergure. Les députés du groupe UDI, derrière leur président Jean-Louis Borloo, ont immédiatement apporté un soutien sans réserve au Président de la République et au Gouvernement, dans un cadre de responsabilité, face à cette situation d’extrême urgence et de danger tant pour la population malienne que pour les 6 000 ressortissants français de Bamako. Il est des moments où nous, centristes, pensons que les postures politiciennes doivent s’effacer quand l’essentiel est en jeu. Cet engagement de nos troupes, c’est avant tout l’engagement de la France pour la défense de nos valeurs universelles, de la démocratie, de la liberté et de la lutte contre le terrorisme international. Saluons le professionnalisme et le courage de nos 4000 militaires français déployés au Mali, qui y mènent, dans un contexte plus difficile qu’il n’y paraît, une action exemplaire. Ils sont la fierté de la France. Qu’il me soit d’ailleurs permis de rendre hommage aux blessés touchés dans leur chair, ainsi qu’au chef de bataillon Damien BOITEUX du 4e régiment d’hélicoptères des forces spéciales de Pau, et au sergent-chef Harold VORMEZEELE du 2e régiment étranger de parachutistes de Calvi, morts au combat. Après l’avancée très rapide de nos forces vers le nord du Mali, il apparaît évident que la réalité tactique de cette guerre a récemment atteint un nouveau stade. Ne nous y trompons pas : comme nous l’avions dit dès le début, le repli tactique des fondamentalistes dans leur profondeur stratégique – le désert et l’Adrar des Ifoghas – nous montre le caractère durable des opérations militaires avant la stabilisation de la situation. Soulignons l’implication de tous les pays d’Afrique subsaharienne dans la MISMA qui, nous l’espérons, sera prochainement remplacée par une force de casques bleus sous l’égide de l’ONU et dont le mandat, comme nous l’ont dit nos collègues députés maliens, que je veux saluer, devra aller au-delà de la simple interposition. Soulignons également le rôle de deux pays : le Tchad, qui a subi de lourdes pertes, mais aussi l’Algérie qui, par sa capacité à fermer sa frontière, bloquera les nécessaires soutiens logistiques aux djihadistes. Mais la solution ne peut pas être seulement militaire. Deux points centraux doivent désormais impérativement être résolus, afin de mettre en place une sortie de crise. Tout d’abord, il est crucial de stabiliser la situation politique au Mali, notamment en ce qui concerne les Touaregs du Mouvement national pour la libération de l’Azawad, le MNLA, et cela dans les meilleurs délais, avant les élections prévues en juillet 2013. La fiction d’un État unitaire centralisateur dans un pays aussi vaste et divers que le Mali doit être abordée. Sans remettre en cause l’intégrité territoriale, une réflexion ne pourrait-elle pas être envisagée sur une éventuelle confédération, afin de trouver une solution durable à ces conflits ancestraux ? D’autre part, il faut concentrer nos efforts sur le développement du Mali, et, au-delà, de l’Afrique tout entière. Nous voyons bien que l’opération dans laquelle la France est engagée ne concerne pas strictement le Mali : toute une partie de l’Afrique est déstabilisée, par des trafics de drogues et autres, mais aussi par une guerre djihadiste. Au-delà du Mali et du nord du Mali, c’est ainsi tout l’arc sahélien et méditerranéen, s’étendant jusqu’à l’Afrique centrale, qui est concerné. Nous sommes face à un sujet panafricain, qui nécessite une réponse paneuropéenne, internationale. La France ne pourra pas, seule, relever ce défi. Il est grand temps d’organiser une conférence internationale, de mobiliser politiquement l’Europe, car, pour le groupe UDI, rien ne sera durable sans une réelle politique à long terme pour l’Afrique. Ce gigantesque continent, notre voisin, de bientôt deux milliards d’habitants, mérite une stratégie globale dépassant les plans d’aide que nous lui accordons, ponctuellement, jusqu’à aujourd’hui. Nous le savons : l’Afrique est notre plus grand danger comme notre plus grande chance. Le danger est devant nos yeux lorsque nous nous engageons au Mali pour mettre un terme à l’agression de terroristes djihadistes, menaçant de détruire ce pays et de faire basculer la région tout entière dans le fanatisme. Nous devons également être conscients de la chance exceptionnelle que représente notre voisin africain : des forêts intactes, des ressources naturelles, un formidable potentiel en matière d’énergies renouvelables, une population jeune dont le dynamisme ne demande qu’à s’exprimer. L’avenir de la francophonie, c’est l’Afrique. Il y va de notre responsabilité de mettre en place un grand plan de solidarité éducatif, énergétique et climatique pour l’Afrique. La sécurisation de l’Europe passe par la sécurisation de l’Afrique tout entière. Notre futur dépend également de son développement. Pour le groupe UDI, le développement durable du Mali est la condition sine qua non de son relèvement.
En conclusion, je souhaite évoquer l’auteur de la célèbre phrase : « En Afrique, un ancien qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle », le grand écrivain et historien malien Amadou Hampâté BÂ, qui a également écrit : « Croire que sa race, ou sa religion, est seule détentrice de vérité est une erreur. » Puissions-nous œuvrer, tous ensemble, pour l’éducation, la démocratie et la culture, et méditer de tels propos condamnant définitivement les djihadistes et justifiant notre aide et cette intervention.