Le 21 mai 2013, lors des questions d’actualités au Gouvernement, Philippe FOLLIOT a interrogé Monsieur Jean-Yves Le DRIAN, Minsitre de la défense, sur le livre blanc de la défense. De retour du Mali, où il a pu constater tout le travail accompli par nos soldats, il a tenu à rendre une nouvelle fois hommage à l’armée française et lui a demandé si la France pourrait, dans le futur, intervenir de la même manière et avec le même résultat. S’inquiétant des suppressions de postes, de la baisse des objectifs et face aux doutes qui subsistent, Philippe FOLLIOT a rappelé que ce livre blanc marquait l’affaiblissement de la France et donnait une vision étriquée de notre pays, recroquevillé sur lui-même. Ainsi, il l’a appelé à préciser quelle était la stratégie d’avenir de la France en matière de défense.
Visionner la vidéo de son intervention
M. Philippe Folliot. Monsieur le ministre de la défense, il y a peu, avec une délégation pluraliste de la mission d’information parlementaire, nous étions au Mali et nous avons pu constater sur place le formidable travail accompli par nos hommes dans des conditions difficiles et face à des adversaires redoutables. Hommage doit être rendu à nos soldats qui ont payé de leur vie cet engagement et à leurs frères d’armes pour avoir quasi éradiqué de dangereux mouvements terroristes faisant planer de lourdes menaces sur notre sécurité. La question qui se pose est la suivante : demain, une telle intervention, avec de tels résultats, sera-t-elle possible ? Le Livre blanc de la défense, récemment publié, consacre l’abandon d’une telle ambition pour la France et sa défense. Une fois encore, on demande à nos armées de continuer à faire plus, mais avec moins. Monsieur le ministre de la défense, nous sommes tous ici conscients des contraintes budgétaires très fortes. Elles pèsent déjà sur le budget des armées, qui, plus que tous les autres, ont fait des efforts drastiques d’économie ces dernières années. Sa baisse programmée sur cinq ans et les 24 000 suppressions de postes supplémentaires, au-delà des 55 000 déjà effectuées, toucheront inéluctablement les unités opérationnelles, d’autant plus que de réels doutes subsistent sur les recettes exceptionnelles que vous comptez mobiliser pour équilibrer ces budgets. La baisse des objectifs opérationnels et des niveaux de livraison de matériel auront de lourdes conséquences économiques et sociales, sans parler de la récente annonce de l’achat de deux drones américains, qui laisse nos industriels nationaux perplexes. Ce Livre blanc marque l’affaiblissement de notre défense et témoigne donc de la vision d’une France étriquée, reléguée au rôle d’une puissance continentale et européenne. Les députés du groupe UDI considèrent que, sur ce sujet crucial, il est nécessaire de parvenir à un consensus national, comme nous l’avons fait sur le Mali. Monsieur le ministre, quelle est la stratégie d’avenir du membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU qu’est la France, pour sa défense et celle de l’Europe ?
M. Jean-Yves Le Drian, Monsieur le député, je vous remercie de votre question sur le Libre blanc et de l’hommage que vous rendez à nos soldats de l’opération Serval. Nous étions ensemble au Mali et nous avons pu constater les conditions très difficiles dans lesquelles ils exercent leur mission. Mais nous avons pu constater aussi, avec vos collègues de la commission de la défense, la qualité et le professionnalisme de leur action ainsi que la force de leur courage. Ils continuent à opérer tous les jours, y compris aujourd’hui, même si on en parle moins dans les médias : la force Serval effectue des missions quotidiennes pour poursuivre l’éradication du mal terroriste qui menaçait d’envahir ce pays. Vous faites référence au Livre blanc et vous vous inquiétez de la permanence stratégique de notre pays. Après une visite en Grande-Bretagne, je me suis rendu aux États-Unis il y a deux jours. Mes collègues ministres de la défense ont rendu hommage à la qualité de notre Livre blanc et au fait que la France ne baissait pas la garde et qu’elle assurait sa permanence stratégique. Ils ont raison, en particulier sur le fait que les trois missions majeures de notre défense – la protection du territoire, la dissuasion et la capacité d’intervention, y compris d’intervention en premier – seront maintenues, dans les perspectives du Livre blanc. L’entrée financière du Livre blanc sera à la même hauteur que le budget 2013, qui était lui-même à la même hauteur que le budget 2012, voté sous l’ancienne majorité. Vous voyez qu’il y a une permanence de l’effort. Mais ce Livre blanc permettra de remédier à des lacunes qui n’ont pas été comblées auparavant, en particulier dans les domaines de la cyberdéfense, des drones, du ravitaillement en vol et du transport logistique. Nous allons combler tous ces vides sécuritaires, pour la permanence de nos choix stratégiques.