Déclaration conjointe des présidents des groupes d’amitié France-Egypte (Assemblée nationale, Sénat) suite aux récentes manifestations en Egypte
Alors que les appels au calme se multiplient après les violentes manifestations qui ont dégénérées depuis vendredi dernier dans les rues du Caire, notamment aux abords de la mosquée Al-Fath, de la place Ramsès et des sit-ins de Rab’a al-Adawyea, la prise de position du Docteur Ahmed El-Tayeb, Cheikh de l’Université El-Azhar, appelant à la retenue tout autant qu’à la raison, doit être entendue et soutenue. La violence ne peut ainsi être une alternative aux solutions politiques.
Ces dernières existent pourtant et devraient ainsi guider les pas du gouvernement intérimaire de Hazem Al-Beblawy, vers la réconciliation nationale que nous, présidents des groupes d’amitiés parlementaires entre nos deux pays, appelons de nos vœux le plus ardemment et le plus rapidement possible. Les Egyptiens, qui par dizaine de millions, sont descendus depuis deux ans dans les rues pour dire leur volonté d’ancrer enfin et durablement la démocratie au cœur de la plus peuplée des nations arabes et qui ne cessent depuis de clamer leur ferme refus de tout repli fondamentaliste et de remise en cause du fragile équilibre entre communautés – en premier lieu desquelles vis-à-vis de la minorité catholique et copte – doivent ainsi être entendus. L’Egypte, grande nation souveraine, pivot de stabilité stratégique régional, à la fois carrefour et passerelle au sein du monde arabo-musulman, entre le continent africain et le Moyen-Orient, au cœur de la région trans-méditerranéenne, ne saurait basculer dans le chaos et la guerre civile sans graves conséquences pour le fragile équilibre militaire moyen oriental, alors même que l’état d’urgence a été décrété pour une période d’un mois à partir de mercredi.
Face à la gravité et l’urgence de la situation, la France, devrait inciter plus fermement ses partenaires à parler d’une même voix, non seulement au sein du Comité politique et de sécurité (COPS) du Conseil européen, comme elle tente de le faire laborieusement, mais aussi et surtout en prenant l’initiative de proposer – à travers un dialogue franc et direct vis-à-vis du gouvernement intérimaire – d’aider ce dernier dans la mise en place d’un processus électoral rapide, manière la plus éclatante de témoigner par les urnes, du refus de fracturer davantage la société égyptienne. A la veille de la conférence des ambassadeurs qui vient clore une certaine inertie diplomatique estivale, la France devrait aussi profiter de son statut diplomatique particulier pour initier d’emblée ce chantier dans le cadre du dialogue stratégique franco-égyptien (laissé quelque peu en jachère depuis la mise en sommeil du projet d’Union pour la Méditerranée), sans en déléguer néanmoins la mise en œuvre à d’autres et avant que d’autres n’en prennent l’initiative.
Philippe FOLLIOT, Député du Tarn, Président du groupe d’amitié France-Egypte de l’Assemblée nationale
Catherine MORIN DESAILLY, Sénatrice de Seine-Maritime, Présidente du groupe d’amitié France-Egypte du Sénat