Edito de lettre d’information n°131 du vendredi 18 octobre 2013
Lentement, mais sûrement, le front national s’installe comme pivot de notre vie politique, tous les autres partis se positionnant par rapport à lui comme naguère ils le firent face au parti communiste. Suite à l’élection cantonale partielle de Brignoles, mais surtout à la lumière de ce que j’entends et vois, il me semble nécessaire de rappeler ma position personnelle.
Je comprends les électeurs du FN, je respecte ses candidats, je combats ses idées.
Je comprends les électeurs du FN. Ce vote est l’expression d’un rejet des autres formations, d’une inquiétude face à la crise, d’un ras-le-bol vis-à-vis de la classe politique comme je le constate sur le terrain et comme j’ai pu le vérifier en cheminant récemment avec mon ami Jean Lassalle « le Député qui marche ». Très nombreux sont ceux à être écœurés par les affaires, déçus par le Président de la République « qui ne tient pas ses promesses », très critiques face aux atermoiements et à la cacophonie gouvernementale qui ne règle pas les problèmes structurels ou quotidiens, dégoûtés par les querelles d’egos et de personnes au sein de l’UMP, du Front de gauche ou encore des Verts et à regretter que le centre ne soit pas assez audible. De plus, il y a ce terrible matraquage fiscal à tous les étages, le scandale des abus au sein des systèmes sociaux, le rejet de celui qui est différent, la peur du chômage et du déclassement, les craintes pour la sécurité des biens et des personnes… autant de ferments aptes à faire lever le terreau du populisme.
Je respecte les candidats du FN. Ce mouvement n’étant pas interdit et ses dirigeants affirmant ne pas vouloir remettre en cause ni la constitution démocratique du pays, ni son préambule, ni la déclaration universelle des droits de l’Homme et du citoyen, il me paraît inopportun de le « victimiser ». Le FN joue de cela, seul « contre l’establishment » pour prospérer et ses détracteurs les plus zélés sont souvent malgré eux ses faire-valoir les plus efficaces.
Je combats les idées du FN. Au-delà du fait qu’il n’aura échappé à personne que le centre est par définition le point le plus éloigné des extrêmes, en authentique gaulliste social centriste, je ne puis me résoudre à ce que des idées d’exclusion et de repli sur soi, prennent le pas sur les valeurs de fraternité et d’ouverture que nous avons toujours défendues. Apporter de l’humanisme et de la pondération là où il y a le rejet de l’autre en fonction de ses origines, de son mode de vie ou de sa religion, c’est l’essence même du centre. Si certains éléments du diagnostic peuvent être partagés, il n’en est pas de même côté idées. Au-delà de principes généraux, il me paraît essentiel de regarder le détail du programme du FN pour se rendre compte de son caractère néfaste et dangereux. Par exemple, il promet le retour à la retraite à 60 ans, ce qui est une pure folie démagogique, que même la gauche du PS n’ose revendiquer. Il promet la sortie unilatérale de l’Euro qui serait un facteur de crise et d’instabilité en termes d’inflation, de perte de pouvoir d’achat… Il promet la lune… à qui veut accorder une oreille bienveillante pour l’entendre. Mais gardons-nous d’oublier les leçons de l’Histoire et les dégâts des populismes, sans parler de la gestion calamiteuse par le FN, quand il a été au pouvoir à Toulon entre 1995 et 2001.
Profiter du manque de courage pour réformer en profondeur le pays, du PS et de l’UMP qui se sont succédés depuis vingt ans au pouvoir, et dénoncer leurs erreurs ou fautes ne fait pas une alternative crédible pour autant. Les déçus du gouvernement PS et de l’opposition UMP devrait comprendre que la seule alternative n’est pas l’aventure extrême, mais le rassemblement… au centre !
Amitiés
Philippe FOLLIOT