Une des plus grandes fractures de nos sociétés n’est pas sociale, idéologique, territoriale, religieuse ou nationale, mais peut-être sociétale. En effet, je constate que se dessine de plus en plus une opposition frontale entre ceux qui prônent le repli sur soi, individuel ou identitaire, et ceux qui préfèrent l’ouverture à l’autre, l’ouverture au monde, aller vers…
Quand on y regarde de plus près, les dernières émeutes que nous avons connues sont aussi un symbole de cette situation. De très jeunes désœuvrés, qui par la casse, la violence et le vol marquent leur rejet d’une société qu’ils jugent, et ce malgré les milliards dépensés, pas assez inclusive et qui les conforte vers un repli dans l’autre, soit d’un quartier ou d’une bande. Hélas, ce même phénomène n’est pas limité à nos banlieues, il se répand à l’autre bout de l’échelle sociale, entre riches. Ils habitent dans les mêmes quartiers avec leurs enfants qui fréquentent les mêmes écoles, les mêmes endroits avec les mêmes codes…
On peut multiplier les exemples de cette “archipélisation” de notre société. On peut voir les conséquences de ces replis dans la politique migratoire qui, bien entendu, doit être contrôlée mais sans se départir de l’essentiel. La France est, et doit rester, une terre d’asile pour toutes celles et ceux qui dans leur pays sont pourchassés pour des raisons politiques, philosophiques, religieuses, sociétales… C’est non seulement notre devoir, mais également notre honneur. Le grand auteur Milan Kundera, s’il était encore là, se ferait un devoir de nous le rappeler.
J’étais il y a peu en Ukraine et j’ai pu constater qu’au niveau international il en est de même. Entre une Russie qui s’enferme pour ne pas dire qui « s’enferre” dans un récit national aussi fou que déconnecté, avec un repli identitaire sur lequel s’appuie Poutine et de l’autre côté une Ukraine qui cherche, veut, désire l’ouverture au monde, symbolisée par la volonté d’entrer dans l’Union européenne et l’OTAN. C’est la même fracture béante qui s’ouvre. De Nanterre à Zaporijjia il y a un monde, certes, mais des ferments qui dans leur essence ne sont pas si étrangers que cela.
S’ouvrir au monde, découvrir d’autres cultures, langues, paysages, gastronomies, terroirs, c’est aussi une possibilité pour chacun de faire un point sur soi, sur son degré d’ouverture…
En cette période estivale, je vous souhaite de bonnes vacances et surtout n’oubliez pas d’aller vers !
Amitiés,
Philippe Folliot