Vous connaissez certainement le récit de ce pasteur allemand au moment de l’accession des nazis au pouvoir qui racontait « Quand les nazis sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste. Quand ils sont venus chercher les sociaux-démocrates, je n’ai rien dit, je n’étais pas social-démocrate. Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste. Quand ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester. »
La créature vile et détestable de l’antisémitisme doit être combattue sans relâche, partout, tout le temps. Et c’est précisément pour cela qu’à certains moments notre système bicaméral; l’assemblée et le sénat, est notre heureux et salutaire garde fous qui grâce à l’appel à manifester de nos deux présidents est un éclatant symbole de sagesse et de retenue.
Il apparaît clairement que l’antisémitisme ne se limite plus à l’extrême droite. Elle gangrène aussi l’extrême gauche qui l’affiche de plus en plus ouvertement. Non, l’antisémitisme n’est plus l’apanage d’une frange chrétienne réactionnaire mais aussi d’une frange musulmane réactionnaire mais aussi de beaucoup d’autres, quel que soit son milieu social ses origines ou religion. Il est tentant d’y voir l’instrumentalisation par certains d’une internalisation d’un conflit extérieur conduisant à ces situations incompréhensibles et scandaleuses où certains de nos concitoyens, dans la communauté nationale et ce depuis des siècles, ne peuvent plus se déplacer librement, ne peuvent plus travailler librement, ne peuvent plus pratiquer leur culte librement sans crainte d’y être stigmatisés.
L’apparition ces derniers jours des étoiles de David nous évoque de bien sinistres souvenirs. Qu’ils aient été commandités ou non les faits sont là et je le dis sans équivoque , nos compatriotes juifs ne sont pas redevables de la politique d’Israël, ils ne sauraient être tenus responsables de la vision de cet État, de l’application de son droit légitime à se défendre suite aux atrocités commises par le Hamas plus particulièrement le 7 octobre dernier en prenant pour cible d’innocentes populations civiles.
Bien entendu , la nature disproportionnée de la réponse du gouvernement d’Israël impulsée par la politique d’extrême droite de Netanyahou est préoccupante de même que les conséquences de ce conflit sur la stratégie géopolitique des mollahs iraniens opprimant leur peuple et plus particulièrement les femmes.
La France a toujours défendu une position cohérente et équilibrée de deux États, elle ne doit pas être sur son propre sol le réceptacle des conflits du monde en général et de celui du Moyen-Orient en particulier. Après les attentats de 2012 et 2015 j’avais fustigé dans ces mêmes éditos celles et ceux qui assimilaient nos compatriotes de confession musulmane au terrorisme. L’heure est à la reconnaissance des analyses du sociologue Gilles Kepel (Prophète en son pays, aux éditions L’Observatoire), qui laisse admettre que « la multiplication d’actions atroces et spectaculaires ont pour but de provoquer une fracture irréversible et isoler les musulmans de France transformés du coup en réservoir de djihadistes » et « de ne pas se voiler la face au regard des échecs des multiples politiques publiques en matière d’intégration d’une partie de la population immigrée, notamment dans les ghettos de nos banlieues… »
Je rajouterai que la lucidité nous oblige aussi à voir la richesse de l’apport de nos compatriotes issus de l’immigration, devenus recteurs, préfets, professeurs, médecins, ingénieurs, banquiers, artistes, sportifs, élus… qui ont su enrichir et faire rayonner notre pays. Même si les vents dominants sont à l’exclusion, au rejet, à l’individualisme et à l’égoïsme, ne négligeons pas tout ce qui fait unité, tout ce qui fait fraternité, tout ce qui fait France.