Je tiens à rendre hommage aux trois soldats du 93e RAM et à l’adjudant chef du 2e REG qui ont été lâchement assassinés ce matin. Mes pensées vont également aux nombreux blessés, et tout particulièrement aux huit d’entre eux qui sont actuellement dans un état grave. Bien que dans de telles circonstances les mots semblent vains, je m’associe à la douleur des familles ainsi qu’à ceux qui attendent dans l’angoisse des nouvelles de leurs proches.
Le respect des souffrances des familles fait que le devoir d’un responsable politique est de ne pas succomber à l’émotion. Un Président de la République ne doit pas prendre de décisions précipitées sur un sujet qui requiert la plus grande prudence. Le retrait de nos troupes est déjà prévu dans un calendrier précis, et je ne pense pas qu’il faille entreprendre comme certains le préconisent un retrait accéléré, ou tout du moins non sans une concertation préalable avec nos alliés et les autorités afghanes. J’estime que quitter l’Afghanistan précipitamment ou cesser toute action sur le terrain consécutivement à une attaque de cette nature, aussi abjecte soit-elle, serait à la fois perçu comme un signe de faiblesse de notre part et vécu comme une victoire par ceux que nous combattons. Cet acte démontre que laisser des forces de sécurité insuffisamment formées face à une rébellion tenace serait le meilleur moyen de faire fi de réels progrès sur le terrain (santé, éducation, infrastructures…) et d’annihiler les efforts et les sacrifices consentis par nos soldats et leurs alliés depuis plus d’une décennie. Ce serait au fond faire injure à notre armée et à la mémoire des 82 soldats français morts en terre afghane, et ça on ne peut l’accepter.
Philippe Folliot