En début d’année a été publiée la proposition de loi déposée par Philippe FOLLIOT et cosignée par une quarantaine de ses collègues de l’opposition visant à lutter contre les déserts médicaux. Complétant les dispositions frileuses de la loi santé de Marisol TOURAINE pour laquelle l’enjeu ne vaut pas le coup de se mobiliser, ce texte a été vivement commenté par certains organismes représentant les médecins et attaqué en séance par la ministre quand en parallèle il a été bien accueilli par les professionnels de santé des territoires concernés, en premier lieu les territoires ruraux.
Dans la revue La Semaine Juridique – Administrations et collectivités territoriales, le professeur Guillaume ROUSSET a proposé son analyse sur l’esprit, les mesures et l’applicabilité du texte. Cette étude sérieuse, hors de considérations politiciennes, salue l’ensemble du texte sans être exempte de critiques tout à fait à propos démontrant le besoin de travailler ensemble à l’amélioration du dispositif.
Avant toute chose, le professeur souligne la frilosité des politiques à s’emparer d’une telle problématique sensible et semblant insoluble. Il souligne le fait que le droit d’accès aux soins est constitutionnellement reconnu alors que dans les faits, la désertification médicale va à l’encontre de ce principe. L’analyse reconnait la « réelle innovation » de l’optique de régulation proposée complétant les mesures incitatives inefficaces par une dose de coercition dont est reconnu « le courage politique ».
Coté critiques, l’article pointe le risque que cette mesure ne fasse que déplacer le problème d’une lutte contre les déserts médicaux vers une désaffection des étudiants envers la médecine généraliste devenu trop contraignante. C’est vrai, et c’est pourquoi une politique générale d’attractivité de la profession doit être mise en œuvre au plus vite. Le fait que seuls les généralistes soient concernés est en fait une première étape qui est proposée avant la généralisation après expérimentation de ce type de dispositif aux autres professions médicales et paramédicales. Celles-ci le demandent !
Enfin, le professeur ROUSSET met en avant le fait que cette PPL a peu de chances d’être votée car le gouvernement cède à la colère des médecins libérée par la généralisation du tiers payant issue du projet de loi santé. La question du courage politique de la majorité socialiste et de sa considération pour l’intérêt général est, une fois de plus, mise à mal. A tort ?