Déni de réalité

Édito de la lettre d’information n°111 du 6 avril 2012

Plus nous avançons dans cette campagne présidentielle, plus nous devons faire face à une forme de déni de réalité ; tous les vrais problèmes (dette, déficit commercial, chômage, moralisation de la vie politique) sont soit éludés par le duo Hollande-Sarkozy, soit caricaturés par le duo Le Pen-Mélanchon. Force est de constater que pour le moment, la campagne intéresse peu et que l’abstention pourrait être élevée.

Il faut aussi dire que les deux candidats provisoirement principaux, avec la complicité bienveillante de nombre de médias, jouent à cumuler les diversions pour qu’on n’aborde pas les vrais problèmes. Chacun étant du reste plus préoccupé par une « course à l’échalote » derrière leurs extrêmes respectifs. Comme l’a fort bien dit François Bayrou, nous avons le candidat de la division qui court derrière celui de l’extrême division, et le candidat de l’illusion qui court derrière celui de l’extrême illusion.

En fait, à force de nous faire « zapper » le 1er tour pour aller directement vers le second, je crois que nous allons vers une élection négative. Je m’explique. Quand je rencontre de potentiels électeurs de François Hollande, rares sont ceux qui adhèrent avec enthousiasme à son projet ou à sa personne ; leur seule motivation : un vote utile pour « battre Sarkozy », pour eux trop proche de Marine Le Pen.

A contrario, les potentiels électeurs de l’actuel Président ne me semblent subjugués ni par son projet, ni par sa personne mais veulent à tout prix battre François Hollande, d’autant plus qu’il est sous la pression de Jean-Luc Mélanchon. Le 6 mai, nous risquons d’avoir non pas un Président élu par adhésion, mais par rejet de son concurrent. Cette addition de forces négatives est d’autant plus préoccupante que chacun est soumis à l’influence de ses extrêmes. Si la « Mélenchonite » et la « Lepenite » représentent de compréhensibles défouloirs de frustrations et de rancœurs trop longtemps méprisées par les deux grands, tout un chacun aurait intérêt à lire le programme tant de l’un que de l’autre, c’est édifiant… et inquiétant.

Tout se jouera dans la dernière ligne droite, sur les tous derniers jours ; personnellement je souhaite pour mon pays une démarche d’adhésion positive et constructive autour d’un candidat rassembleur, porteur d’espoirs avec un programme crédible et responsable vis à vis des générations futures. En conséquence de quoi vous comprendrez mon engagement auprès de… François Bayrou !

 

Amitiés,

Philippe Folliot.

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