Je profite de cet éditorial pour vous dire ce que je pense de nos débats et de cette réforme. Au regard de la mise en œuvre de l’article 44-3 de la Constitution et de l’article 42-9 du Règlement du Sénat, je n’ai pu faire en séance l’explication de vote que je vous prie de bien vouloir trouver ci-dessous :
“J’ai beaucoup écouté la parfois longue et répétitive litanie des arguments mais je crois que nous avons oublié l’essentiel.
Je suis élu du Tarn, département d’un grand parlementaire, Jean Jaurès qui, né à Castres, élu député s’est battu pour les mineurs de Carmaux aux conditions de travail et à la pénibilité effroyable. Il a défendu les éleveurs du Ségala comme les viticulteurs du Gaillacois, il a même créé une Verrerie ouvrière à Albi.
Jaurès s’est aussi battu pour la République et la laïcité, il a porté l’étendard de la liberté et vénéré la fraternité. Mais Jaurès, il a eu un fil conducteur, une matrice dans sa vie politique : l’égalité.
L’égalité, nous l’avons collectivement oubliée dans cette loi à force de défendre spécificités, exceptions, dérogations, régimes spéciaux…
L’égalité pour les retraites, un candidat en 2017 devenu Président de la République l’avait théorisée dans un beau livre “Révolution”. Que l’on soit artisan ou commerçant, ouvrier ou PDG, cheminot ou métallo, manutentionnaire ou fonctionnaire, je dirais même agriculteur ou sénateur, le même régime universel par points pour tous.
Monsieur le ministre, député cette loi je l’ai votée à l’Assemblée nationale en mars 2020 et avec le gouvernement vous l’avez oubliée en chemin. Votre réforme est certainement nécessaire pour des raisons démographiques, économiques ou financières mais elle est fadement paramétrique alors qu’elle aurait du être résolument systémique.
Elle a perdu ce fil conducteur qu’est l’égalité.
Nous le voyons aussi ici au Sénat, temple de la Sagesse, elle exacerbe les crispations, hystérise les divisions.
Monsieur le ministre, ce qui aurait pu être un formidable défi de solidarité intergénérationnelle se termine tristement en un incroyable gâchis de défiance institutionnelle”.
En conséquence, je me suis abstenu sur le vote final de ce texte.
Amitiés,
Philippe Folliot