Énergie positive !
Dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier, la commission européenne a envoyé aux pays membres un projet de labélisation verte (« taxonomie pour une finance durable ») pour les centrales nucléaires et à gaz. Cette annonce passée quasi-inaperçue, est la révélation d’une prise de conscience que nous devons faire face à un renchérissement des coûts et une augmentation significative des besoins (en électricité notamment) et que le « tout renouvelable » ne nous permettra pas de les satisfaire, car ces énergies sont intermittentes et pas continues (avec le spectre de journées de brouillards, sans vent) et ce tant que les capacités de stockage énergétique ne sont pas encore économiquement et écologiquement compétitives.
Dans ce monde de l’énergie où les postures peuvent coûter cher voire très cher, une récente étude de la prestigieuse université de Berkeley démontre que l’abandon du nucléaire par l’Allemagne (en 2025) coûterait au pays près de 12 milliards d’euros par an. Pire encore pour compenser l’incontournable caractère intermittent des énergies renouvelables, le 30 mai dernier, elle a remis en service près de Dortmund la plus importante centrale d’Europe à… charbon !
L’arrêt progressif des centrales nucléaires allemandes ces dernières années a couté 1100 vies par an (du fait de la pollution due au charbon) et a été à 4/5ème compensé par le recours aux énergies fossiles ou à l’importation d’électricité… nucléaire notamment de France.
Notre pays a pris ce 1er janvier et pour six mois la présidence de l’Union européenne, ce qui lui donne des responsabilités et un devoir d’exemplarité.
En novembre 2018, le Président Macron a décidé de confirmer la stupide décision de son prédécesseur François Hollande de fermer pour des raisons « politiques et électorales » la centrale nucléaire de Fessenheim. J’avais, à l’époque, été un des rares députés à m’élever contre cette décision car selon moi, une centrale nucléaire voire deux, cinq ou dix peuvent être fermées mais uniquement pour des questions de sécurité et encore faut-il que ces questions soient traitées avec sérieux et raison comme l’a très justement rappelé l’ingénieur de sureté nucléaire Tristan Kamin dans la Dépêche du midi le jeudi 30 décembre dernier.
Pour moi en politique, énergétique de surcroit, il faut garder une entière cohérence et si notre Président veut (à juste titre) relancer le nucléaire, il aurait été sage de ne pas confirmer la fermeture d’une centrale et de permettre d’en ouvrir d’autres derrière…
Au-delà du nucléaire, il y a l’autre « énergie verte » : le gaz que nous importons en quasi-totalité et qui vient de Norvège (30%), de Russie (20%), des Pays-Bas (10%),…
En qualité de sénateur dit « des petits bouts de France », je m’interroge sur la pertinence d’avoir abandonné les permis d’exploration (je dis bien exploration et pas exploitation) de notre ile de Juan de Nova dans le canal du Mozambique (Iles éparses de l’océan Indien) qui selon nombre d’experts sera la Mer du nord pour ne pas dire le Golfe persique du 21e siècle.
Quelle imbécilité de l’exécutif de refuser de savoir la quantité et l’exploitabilité de ressources sur le territoire national d’un gisement avéré puisque notre compagnie pétrolière française Total va l’exploiter à proximité… au Mozambique voisin !
Je ne dis pas que la France aurait pu devenir autosuffisante et certainement exportatrice de gaz naturel, mais je trouve affligeant la aussi pour des raisons d’un environnementalisme politique correct, et de communication décrétée au plus haut niveau m’a-t-on dit, de n’être pas allé au bout de la démarche, au bout du permis d’exploration ! Bien entendu, je ne parle pas des retombées qu’aurait pu avoir un éventuel projet d’exploitation, s’il avait ensuite été décidé, sur l’ile voisine de Mayotte, département économiquement et socialement sinistré et qui, en qualité de base arrière aurait pu avoir des retombées de centaines et centaines d’emplois.
Bon vous allez me dire que tout ceci fait un peu « ancien monde », mais au moins je reste cohérent et ce d’autant plus que je suis élu local d’une petite commune rurale qui, quoi qu’on en pense, sans bruit, développe une vertueuse politique énergétique basée sur les économies (isolation des bâtiments communaux) et une énergie… le renouvelable ! (Réseau de chaleur bois local, halle photovoltaïque, chauffe-eau solaire, etc).
Bon, avant que ma bougie (celle de l’inspiration…) ne s’éteigne, je voudrais simplement vous souhaiter une bonne année 2022 pleine… d’énergies positives !
Amitiés,
Philippe Folliot