| 2 MAI 2019 |
Les incidents que nous avons connus lors de la réunion de l’AP-OTAN à Antalya en Turquie il y a une dizaine de jours nous amènent à réfléchir à notre lien à l’Histoire.
Je ne vais pas revenir sur les faits que nous avons subis plus particulièrement avec ma collègue et amie Sonia KRIMI, députée de la Manche. Ce que reprochent les turcs à la France c’est « d’écrire l’Histoire » en reconnaissant officiellement le génocide arménien qui, en 1915, a vu 1,5 millions de personnes être déportées et exécutées, faisant de ce qu’eux appellent guerre civile et nous génocide une des premières tueries de masse du XXe siècle.
Il est important de rappeler que la reconnaissance de ce génocide par la France n’est pas nouvelle, puisqu’elle date de 2001, et ce n’est pas la première de notre Histoire puisque avaient déjà été reconnus la Shoah et tous les crimes commis par les nazis pendant le Deuxième Guerre mondiale.
Au-delà du fait que ce désaccord avec la Turquie est en fait assumé, comme l’arbre qui cache la forêt, il ne saurait à lui seul symboliser les fortes, anciennes et structurantes relations entre nos deux pays. L’instrumentalisation de celui-ci pour des raisons de politique intérieure turque par le parti AKP au pouvoir qui vient de subir une lourde défaite aux municipales nous paraît évidente.
Pour autant, comme Sonia KRIMI l’a dit et comme je l’ai écrit, la France n’a pas de leçons à donner mais elle n’a pas non plus à en recevoir de n’importe quel autre pays, y compris la Turquie ! Nous en sommes, nous, à pouvoir aujourd’hui regarder notre propre Histoire avec lucidité, sans complaisance mais sans repentance obsessive : nous pouvons donc assumer notre propre part d’ombre (traite négrière, esclavage, bagnes, rafle du Vel d’Hiv…), notre part « d’entre-deux » (colonisation…) et notre part de lumière (notamment au sens philosophique du terme) et tout ce que la France a apporté à elle-même et à l’humanité (première Déclaration des droits de l’homme et du citoyen…).
Cette attitude courageuse, que d’autres la partagent avant de nous insulter ! Jamais en ma qualité d’élu de la nation je ne saurais accepter cela : la position de la France ne saurait être dénigrée, caricaturée et dévoyée sans réaction. Outre le fait que ce soit notre honneur collectif qui est en jeu, c’est notre devoir individuel de le faire et de réagir… comme il se doit !
Amitiés,
Philippe FOLLIOT