Edito lettre d’information n°92 du 8 avril 2011
Ces quelques jours passés aux côtés du jeune et prometteur député allemand du Land de la Sarre, Oliver Luksic, ont été particulièrement riches et instructifs. Ce 7ème séjour de contact (un tous les deux ans environ) permet pendant cinq jours à une petite dizaine de députés français de se rendre en Allemagne et vice-versa pour passer du temps en circonscription puis au Bundestag ou à l’Assemblée nationale. Cet échange original et exclusif entre les parlements de ces deux seuls pays est intéressant et symbolique.
Intéressant car il permet de mieux apprécier les différences entre le système fédéral allemand et notre organisation bien jacobine, de voir une relation à la population et un mode de fonctionnement bien différents. Les partis ont beaucoup plus de poids et sont bien plus structurés là-bas qu’ici, et sur le terrain les députés, s’ils font comme nous de la représentation, du contact, du relais des collectivités territoriales, n’ont pas ce rôle de conseil, de soutien, d’intervention, d’ « assistanat social » pour la population tel que nous l’avons.
La visite et la participation aux réunions du Bundestag ont été particulièrement édifiantes sur la disproportion de moyens entre parlements allemand et français. Au-delà du fait que les bureaux des députés allemands sont quatre fois plus grands que les nôtres et qu’ils ont deux fois plus de moyens que nous pour embaucher des collaborateurs et constituer leurs équipes parlementaires, ce qui frappe le plus est la modernité et l’immensité du Bundestag. Finalement après les affres du IIIème Reich et les frustrations de la division du pays, on sent que la démocratie parlementaire allemande, à l’image de son Bundestag qui allie l’architecture moderne et élancée (quel symbole que la coupole de verre au-dessus de l’hémicycle !), veut au sens propre comme au figuré « en imposer » – et je dirais tant mieux !
Pour le travail parlementaire lui-même on sent la différence entre la rigueur organisationnelle toute germanique et notre « improvisation » flamboyante toute latine ; mes interlocuteurs étaient impressionnés que l’on puisse proposer et anecdotiquement donner son nom à une loi ou intervenir en séance 50 fois par an, alors que pour eux tout est préparé, négocié et arbitré en amont à l’échelle du parti ou de la coalition, et arrive pour être voté en l’état sans surprise. Bien sûr nos échanges n’ont pas été que consensuels et nous avons évoqué nos différences ou divergences sur le nucléaire, la Libye, la politique de défense, l’avenir de l’euro ou de l’Europe… mais c’est bien normal.
Je disais, au début, symbolique car des gestes comme ceux que nous avons faits, des échanges tels que nous les avons vécus sont aussi le ciment d’une relation franco-allemande forte et d’une Europe pacifique et pacifiée. J’avais, en janvier 2003, eu l’honneur de participer au 40ème anniversaire du Traité de l’Elysée signé en 1963 par de Gaulle et Adenauer scellant la réconciliation et l’amitié franco-allemande par une session exceptionnelle commune de l’Assemblée nationale et du Bundestag à Versailles. Pour cette occasion une médaille commémorative nous a été remise : symboliquement elle trône dans mon bureau à l’Assemblée à côté d’une photo de mon grand-père, grand blessé au fort de Vaux durant la 1ère Guerre mondiale !
En conclusion un mot sur mon ami Oliver Luksic, dynamique et actif député du FPD de la Sarre qui pendant deux jours m’a fait découvrir avec simplicité et passion son attachante région du Sud-Ouest… de l’Allemagne ! Il m’a fait visiter puis autorisé à l’accompagner dans toutes les réunions importantes et essentielles au Bundestag où, à ses côtés, j’ai vécu un moment fort de la vie politique d’Outre-Rhin avec la démission du ministre des Affaires Etrangères, chef de son parti. Que ce soit en tant que parlementaire ou ministre qu’il sera un jour, j’aurai plaisir à le recevoir à Paris… et dans le Tarn et nous essaierons d’être à la hauteur de la qualité de son accueil si chaleureux et sympathique.
Amitiés
Philippe Folliot.