International

| 7 SEP. 2020 |

La crise sanitaire mondiale provoquée par la diffusion du Covid-19 a quelque peu gelé l’actualité internationale. L’ensemble des gouvernements et forces politiques a eu à traiter de la pandémie, mettant souvent en pause ou reléguant, médiatiquement tout au moins, au second plan les conflits plus ou moins actifs, les jeux d’influence, les velléités expansionnistes. Pour autant, cette stabilité de façade ne doit pas être vue comme une absence totale de dynamiques en la matière. Les semaines ayant suivi le déconfinement nous montrent bien que les dirigeants quels qu’ils soient n’ont eu de cesse de préparer, à leur façon, « le Monde d’après ».

Dans les régimes les plus démocratiques, souvent occidentaux, les statu quo ont prévalu. Le report des élections législatives en Nouvelle-Zélande, comme le maintien différé des municipales en France, ou l’adaptation des conventions américaines au contexte pandémique démontrent s’il en était encore besoin que la démocratie est la plus à même de s’adapter aux crises, de réagir vite et de s’en sortir par le haut.

L’exacerbation de la conflictualité suscitée par des contextes politiques moins ouverts est tout aussi instructive.

Le coup d’Etat militaire au Mali nous rappelle qu’en dépit des dérives nationalistes de certaines dictatures parmi les plus fermées du globe, une armée n’est véritablement fidèle, loyale et contrôlée que dans les démocraties ou au sein des organisations internationales telles que l’OTAN où prévalent discussion, négociation concorde et efficience. L’engagement de la France au Sahel et le lourd tribut que nous payons pour éviter l’apparition à nos frontières de nouveaux Etats faillis n’en est que plus légitime et nécessaire.

Le déplacement du Président de la République en Irak et les mots forts qu’il y a prononcé nous renvoient au fait que l’engagement pour la démocratie est un combat de tous les jours tant les forces étrangères les plus intrusives tendent à considérer les Etats faillis comme le terrain de jeu de leur influence où se toisent leurs intérêts propres souvent divergents. Au détriment, systématique, des populations qui ont déjà eu à subir l’horreur et la barbarie depuis de trop longues années.

La grave crise politique et sociale au Liban, qui s’est à nouveau exprimée à la suite de la dramatique explosion dans le port de Beyrouth, faisant suite à l’accumulation de revendications populaires déconsidérées par un personnel politique vivant dans l’entre-soi, nous apprend qu’un peuple qui supporte le fardeau de 1,5 millions de réfugiés syriens pour 4,5 millions d’habitants, face à une trop grande déconnexion de ses dirigeants et une arène politique où les armes ne sont plus les propositions et les projets mais les communautés et les arrangements, peut renverser la table… du bon comme du mauvais côté ! 

La situation ubuesque biélorusse est, quant à elle, là pour nous remémorer qu’aux portes de l’Union européenne, dans un espace culturel et historique sommes toutes proche du notre, des générations entières n’ont jamais vécu l’expérience de la démocratie et des libertés fondamentales. Il est donc nécessaire pour nous de les chérir. Les européens doivent s’engager – et ils le font – pour que nos grands principes non pas occidentaux mais bien universels et humanitaires puissent être partout proposés comme une alternative crédible.  

Les tensions en Méditerranée orientale et les évolutions très préoccupantes de la Turquie évoquent la crainte que les grandes démocraties et la laïcité peuvent, à tout moment, flancher face aux conservatismes et aux résurgences d’un esprit nationaliste nourri par « l’ennemi de l’intérieur ».

La rentrée internationale est donc riche d’enseignements que nous devons tous savoir garder en tête pour continuer à promouvoir notre modèle de société ouverte, pluraliste et tolérante. Nos valeurs ne sont jamais aussi essentielles que quand elles sont menacées. Le législateur doit y être attentif. Je ne doute pas qu’il le sera dans les mois à venir.  

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