Philippe FOLLIOT a été interrogé par Olivier AUGUSTE, journaliste de l’Opinion, sur la Proposition de loi qu’il a déposé le mois dernier et visant à lutter de façon volontariste contre les déserts médicaux en dépassant les incitations inefficaces du Pacte santé-territoire. Introduisant, entre-autres, de nouvelles incitations financières, un stage en cabinet médical rural pour les étudiants en médecine ou calquant le mode d’installation des médecins généralistes sur celui des pharmacies, ce texte braque les syndicats de médecins parisiens mais reçoit le soutien des professionnels médicaux ruraux. L’article est consultable en ligne sur le site du journal.
Philippe Folliot : des pistes (trop ?) simples contre les déserts médicaux
Les faits – En plein débat sur la loi de santé de Marisol Touraine, et à peine un mois avant les élections départementales, 37 députés du centre et de droite ont déposé une proposition de loi sur les déserts médicaux, rédigée par Philippe Folliot.
Soumettre toute installation d’un généraliste au feu vert de l’administration (Agence régionale de santé). Obliger chaque étudiant en médecine à effectuer trois mois de stage en milieu rural. Le député UDI du Tarn Philippe Folliot a déposé, le 28 février, une proposition de loi contenant des propositions simples pour lutter contre les déserts médicaux. Simples, voire simplistes ? Elles irritent, en tout cas, syndicats médicaux et organisations d’internes, pour qui la liberté d’installation est un totem.
«Dans mon secteur de montagne, les médecins approchent tous la soixantaine, on va tout droit à la catastrophe. Et les aides financières n’ont aucune efficacité : chaque médecin a tellement de patients qu’il vit très bien ! Faudra-t-il faire appel au service de santé des armées ?» s’interroge l’élu, lui-même âgé de 51 ans, membre de la commission de la Défense et colonel de réserve. Qui assume, dans son exposé des motifs, le terme de «coercition». Le genre de mesure, argumentent les détracteurs de la proposition cosignée par 36 autres députés centristes et UMP, qui va détourner un peu plus les étudiants de la médecine générale, qui peine déjà à trouver des candidats. En outre, les déserts médicaux se trouvent aussi bien en banlieues que dans les campagnes, voire en plein centre de Paris où les loyers sont devenus prohibitifs pour les généralistes respectant les tarifs Sécu. «Les jeunes pharmaciens ne sont pas libres de s’installer où ils veulent, les officines sont très bien réparties sur le territoire et ça ne pose aucun problème, rétorque Philippe Folliot. Et, si j’évoque les zones rurales que je connais bien, ces dispositions bénéficieraient bien sûr à tous les endroits qui manquent de médecins».
Le timing de la proposition de loi, lui aussi, pose question : elle n’a aucune chance d’être adoptée avec une majorité de gauche, ni même d’être examinée avant novembre, prochaine «niche» réservée à l’UDI à l’Assemblée nationale. En la déposant le 18 février, Philippe Folliot, candidat aux élections départementales des 22 et 29 mars, a-t-il voulu flatter son électorat et se faire un peu de publicité à bon compte? Quitte à empêcher, au plan national, son propre camp politique de tirer le bénéfice de l’exaspération du monde médical contre la loi santé de Marisol Touraine, en préparation – le secrétaire national à la santé de l’UMP, Arnaud Robinet, a d’ailleurs exprimé son «désaccord» avec le texte. «Mes électeurs n’ont pas besoin de cette proposition de loi pour connaître ma position. Elle est constante puisque j’ai déjà déposé deux fois des propositions de loi similaires, en 2003 et 2008», balaye Philippe Folliot. Et de fustiger, de sa pointe d’accent du Sud-Ouest, le «décalage des syndicats médicaux parisiens et des médecins eux-mêmes, sur le terrain».