La réconciliation historique entre la France et le Maroc, promesse d’un nouveau départ

Dans une tribune du 29 octobre 2024 co-signée par le sénateur Philippe Folliot, des parlementaires se félicitent du nouveau départ engagé dans la relation bilatérale entre le Maroc et la France.

TRIBUNE.

La visite d’État d’Emmanuel Macron au Maroc ouvre une nouvelle ère dans les relations entre Paris et Rabat, historiquement si proches, se félicitent la députée marocaine Imane Lamaoui, le sénateur du Tarn Philippe Folliot et le député du Loiret Richard Ramos.

À la surprise générale, à l’occasion du 25e anniversaire de règne de Sa Majesté le roi Mohammed VI, Emmanuel Macron lui a adressé une lettre dans laquelle il reconnaissait ouvertement, au nom de la France, la « souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental ».

Alors que près de 80 pays, dont les États-Unis, l’Allemagne et l’Espagne ont déjà acté cette souveraineté, cette reconnaissance tardive intervient après des décennies d’attitude ambiguë des gouvernements français successifs, soucieux de ménager leur partenariat avec l’Algérie tout en voulant protéger leur position privilégiée avec le Maroc.

Les origines de ce conflit sont profondément ancrées dans l’histoire coloniale du Maghreb. Le découpage arbitraire par les puissances coloniales française et espagnole a laissé des blessures profondes. Si le Maroc a bien obtenu son indépendance en 1956, la question des provinces du Sud est restée en suspens. Cet héritage colonial, combiné à des enjeux géopolitiques complexes, a attisé les tensions et donné naissance à un conflit qui perdure. L’intégrité territoriale du Maroc constitue un enjeu existentiel pour le royaume, une plaie ouverte comparable à celle infligée à la France par la perte de l’Alsace-Lorraine.

Les relations entre la France et le Royaume du Maroc s’apparentent à une histoire d’amour qui a pris racine bien avant l’indépendance. Depuis l’époque du protectorat, elle a toujours été marquée par des liens forts, parfois intimes, entre les chefs d’État des deux pays. Après feu Sa Majesté Mohammed V, père fondateur du Maroc moderne, cette relation s’est renforcée avec feu Sa Majesté Hassan II, dont les échanges réguliers avec les présidents français, de De Gaulle à Chirac, ont permis de maintenir un dialogue constant, même dans les moments les plus critiques.

Il était donc impossible que la crise actuelle ne trouve pas un dénouement à la hauteur de l’estime que se portent mutuellement nos deux peuples et à la hauteur des enjeux géostratégiques, économiques, religieux et humains nourris par cette union.

Plus ancienne monarchie au monde avec le Japon, le Maroc est un acteur incontournable dans plusieurs domaines. En Afrique, tout d’abord, et plus encore depuis qu’il a réintégré l’Union africaine, à l’initiative de Sa Majesté le roi Mohammed VI, le Maroc possède une influence notoire dans plus de 30 pays d’Afrique, à travers sa politique d’investissements et l’entretien de relations diplomatiques étroites.

La France, par son geste symbolique, pourra ainsi compter sur le soutien du Maroc pour conforter sa position en Afrique, notamment dans la région du Sahel, où elle connaît hélas des revers successifs en lien avec la montée du djihadisme et du sentiment anti-français alimenté par la Russie.

Le Maroc est également un partenaire clé dans la résolution du conflit israélo-libano-palestinien. Figure d’exception parmi les pays musulmans, le Maroc n’a jamais renoncé à son choix de tolérance à l’égard de toutes les religions, la reconnaissance des religions juives et chrétiennes étant même inscrite dans sa Constitution, et conserve des relations avec Israël, de peuple à peuple. Le roi du Maroc, en tant que descendant direct du Prophète, à travers la figure unificatrice de l’Amir El Mouminin (Commandeur des croyants), est le garant de cette tolérance et, à ce titre, possède une légitimité unique pour jouer un rôle de médiateur au Proche-Orient.

Cette position éclairée devrait rappeler à tous les obscurantistes que, historiquement, les monarchies musulmanes du Moyen-Âge, dont le Royaume du Maroc est l’héritier, ont été parmi les plus ouvertes aux différentes spiritualités, aux sciences et aux arts.

Compte tenu de nos liens historiques étroits, il était temps que la France et le Maroc consolident leur union, gage d’un avenir prometteur pour nos deux nations. Avec plus de 1 300 filiales d’entreprises françaises, dont l’intégralité du CAC 40, la France se positionne comme le premier investisseur étranger au Maroc. Ce partenariat dynamique s’étend à de nombreux secteurs clés tels que l’automobile, l’aéronautique, l’agriculture, les énergies renouvelables et le transport ferroviaire. Pionnier dans le domaine de l’énergie solaire et éolienne, le Maroc fait du développement durable une priorité, faisant de lui un partenaire privilégié pour la France dans sa transition énergétique.

La visite du président Emmanuel Macron, accompagné par une cinquantaine de grands patrons français au Maroc du 28 au 30 octobre représente donc bien plus qu’une « simple » visite officielle. Symboliquement, elle est le signe d’une réconciliation, d’un renouvellement des vœux d’amour entre nos deux pays, qui le fera basculer définitivement, nous l’espérons, du côté de l’amour de raison, fondé sur la sincérité, l’honnêteté et le dialogue d’égal à égal.

En recevant le président français avec tous les honneurs liés à sa fonction, comme cela n’a plus été le cas depuis trois ans, Sa Majesté le roi Mohammed VI entend faire table rase du passé, oublier les vieilles rancœurs, ainsi que les plus récentes, afin d’avancer conjointement vers un avenir où le Maroc pays pivot de la francophonie deviendra le trait d’union entre l’Occident et l’Afrique, dans un esprit de paix, de stabilité et d’humanisme.

 Consignataires :

Madame Imane Lamaoui, députée marocaine du Parti Authenticité et Modernité (PAM), membre de la commission des Finances, membre de la délégation marocaine au Conseil de l’Europe, ancienne membre de la commission des Affaires étrangères.

Monsieur Philippe Folliot, président de l’Alliance Centriste, sénateur du Tarn, membre de la commission des Affaires étrangères et de la défense et du groupe d’amitié France-Maroc.

Monsieur Richard Ramos, député du Loiret, secrétaire de la commission des Affaires économiques et vice-président du groupe d’amitié France-Maroc à l’Assemblée nationale.

La réconciliation historique entre la France et le Maroc, promesse d’un nouveau départ