Dans le cadre de l’examen du projet de loi sur la consommation à l’assemblée nationale, les députés ont adopté le jeudi 27 juin dernier un amendement qui vise à rendre obligatoire l’appellation «fait maison » sur les cartes des restaurants. Philippe FOLLIOT et les députés du groupe UDI ont soutenu Madame Sylvia Pinel, Ministre du tourisme, qui a déposé un amendement gouvernemental pour promouvoir « le fait maison » dans les restaurants afin de renforcer la lisibilité de l’offre pour le consommateur. Le texte prévoyait que : « les personnes ou entreprises qui transforment ou distribuent des produits alimentaires dans le cadre d’une activité de restauration commerciale, permanente ou occasionnelle peuvent préciser sur leurs cartes ou tout autre support qu’un plat proposé est « fait maison ». Il est aussi précisé qu’un plat fait maison est élaboré sur place à partir de produits bruts. Si Philippe FOLLIOT était d’accord sur le principe d’une telle mention sur les cartes des restaurants en revanche, il a déploré que le texte n’impose pas cette obligation et laisse la faculté aux professionnels de mentionner ou non si les plats proposés étaient fait maison. C’est la raison pour laquelle, un sous amendement a été déposé et adopté pour rendre cette mention obligatoire en remplaçant l’expression « peuvent préciser » par « précisent ». Il se félicite de cette avancée qui favorise la transparence, en reconnaissant le travail du restaurateur, tout en procurant une meilleure information aux consommateurs.
Lire l’intervention de Philippe FOLLIOT :
M. Philippe FOLLIOT. Dès que l’on aborde les questions relatives à la cuisine et à la gastronomie dans notre pays, cela prend un tour tout à fait particulier. En effet, ce sujet, que je qualifierai presque de culturel, est intimement lié à un certain nombre de pratiques relevant du savoir-vivre à la française – rappelons que la table française a été classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Divers éléments s’entrechoquent dans ces amendements, à commencer par les questions relatives à la connaissance des produits que l’on mange. Je ne reviendrai pas sur les longs débats que nous avons eus hier concernant l’obligation ou non de préciser l’origine des produits – notamment de la viande – utilisés dans les restaurants ou mis en œuvre dans les plats cuisinés. Toutefois, en faisant le parallèle avec la volonté de progresser dans la transparence manifestée aujourd’hui, tant dans l’amendement du Gouvernement que dans le sous-amendement de notre collègue FASQUELLE, l’on ne peut que regretter de ne pas être allé jusqu’au bout hier – je ferme cette parenthèse. À bien y regarder, nous avons deux modèles, à la fois complémentaires et concurrents. J’entends ce que vient de dire notre collègue CHASSAIGNE : telle est en effet la réalité du terrain dans le secteur rural, qui connaît des difficultés économiques relativement importantes. La situation y est différente de celle que connaissent les centres-villes, où l’on trouve un restaurant tous les dix mètres ; les choix et la volonté d’information du consommateur ne sont pas forcément les mêmes au cœur de nos campagnes. Pour autant, j’ai en mémoire quelques propos tenus par un de mes amis, grand critique gastronomique de ce pays et chantre de la défense de la cuisine de qualité – Périco Légasse, pour ne pas le nommer –, lequel m’expliquait récemment que le fait qu’un produit soit travaillé par un professionnel n’est pas en soi un gage de qualité. Cela dépend des produits que vous travaillez : une préparation faite avec du bœuf aux hormones venant des États-Unis – pour lequel vous n’aurez aucune garantie de traçabilité, ainsi que je vous le disais tout à l’heure – pourra être considérée comme du « fait maison », bien qu’ayant été élaborée dans des conditions quelque peu difficiles et particulières. Cela nous interpelle ! En revanche, reconnaissons-le, certains produits élaborés par des industriels peuvent également être des produits de qualité, tant sur un plan sanitaire – cela va de soi – que gustatif. On ne peut donc pas tous les rejeter. Ainsi, dans ma circonscription, quelques entreprises – je pense notamment à un fabricant de plats cuisinés installé à Alban, dans le département du Tarn – font des produits de très grande qualité. Il ne faut donc pas stigmatiser ces entreprises en opposant les uns aux autres. Cela étant, l’un des sujets importants de ce texte relatif à la consommation porte sur l’information du consommateur. Il est clair que les charges ne sont pas les mêmes entre un restaurateur qui prend le temps de travailler ses produits, et qui par conséquent supporte des charges de personnel, et un autre qui ne fait que réchauffer des plats. L’information doit donc être donnée par les restaurateurs, ne serait-ce que pour pouvoir expliquer la différence de prix. En effet, entre deux produits identiques, le coût de revient ne sera pas le même, par définition, selon que vous le préparez vous-même ou que vous ne faites que le réchauffer. Il est donc important et essentiel que le restaurateur puisse informer dans de bonnes conditions. Pour cette raison, le groupe UDI soutiendra le sous-amendement présenté par notre collègue FASQUELLE, parce que nous pensons qu’il va dans le bon sens. En conséquence, nous considérons que la proposition du Gouvernement, sous-amendée par la commission, est une bonne position de repli. Quelle que soit la solution retenue, madame la ministre, il s’agira d’une avancée ; prenons-la comme telle. Tout ce qui peut favoriser la transparence et une meilleure information des consommateurs va en effet dans le bon sens, et nous le soutiendrons.