L’Europe et nous

Édito de la lettre d’information n°120 du 12 octobre 2012

 

Alors que l’Union Européenne vient de se voir attribuer le prix Nobel de la Paix pour avoir contribué à pacifier le Vieux Continent depuis plus d’un demi-siècle, on peut qualifier de passionnelle, et parfois d’irrationnelle, notre relation à l’Europe. Nul ne saurait contester que la construction de l’Europe a depuis 70 ans apporté à notre continent, tout au moins dans sa partie occidentale, paix et stabilité, cela n’est pas rien et c’est même l’essentiel.

Voguant au gré des pulsions fédératrices de quelques visionnaires, et de l’égoïsme frileux de quelques autres, subissant d’inquiétantes dérives bureaucratiques, cette si belle idée est aujourd’hui mise à mal par l’irresponsabilité collective qui est la nôtre d’avoir quelque peu sacrifié l’avenir en nous laissant massivement intoxiquer par « le cancer de la dette ».

A l’échelle d’un pays comme à celle d’un continent, peut-on durablement tricher avec la vérité des chiffres ou dépenser plus que ce que l’on gagne ? Aujourd’hui on a la réponse et c’est CATEGORIQUEMENT NON. De la Grèce à l’Espagne, de l’Italie à l’Irlande en passant par chez nous les mêmes causes entraînent les mêmes remèdes et les mêmes réactions !! Nous avons voulu une monnaie unique (j’avais personnellement marqué quelques réserves à l’époque) sans vouloir en assumer les contraintes en termes de sincérité des comptes (la Grèce) ou de respect des équilibres financiers et budgétaires (les autres).

La conséquence de cela c’est que pour sauver l’euro il a fallu dans l’urgence signer un traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l’Union Européenne.

Sincèrement, je pense que si rien n’avait été fait et que l’on ne se soit pas donné les moyens de parer au plus pressé pour sauver l’euro, cela aurait eu comme je l’ai dit à l’Assemblée des conséquences telluriques et incommensurablement plus graves que la simple faillite de la banque Lehman Brothers en 2008 qui a entraîné la plus grave crise économique et financière mondiale depuis le krach de 1929. C’est pour cela que, bien qu’ayant voté contre Maastricht ou le traité constitutionnel de 2005, cette fois en conscience, j’ai dit que je ne pouvais m’opposer à ce traité.

Bien entendu, je comprends et partage les arguments de celles et ceux à la gauche de la gauche qui dénoncent que ce traité n’est qu’un copié-collé de celui signé sous l’impulsion du couple « Merkel-Sarkozy ». C’est vrai car l’adjonction d’un additif sur la croissance est un leurre qui ne trompe personne. Comme mon collègue et ami Nicolas Dupont-Aignan, je regrette que le peuple n’ait pas été plus associé à ces décisions, et l’abandon progressif de la politique gaullienne référendaire sur des sujets majeurs est pour le moins très dommageable et anti-pédagogique. Sachant que ce traité allait être adopté très largement par l’Assemblée, j’ai donc décidé de m’abstenir pour marquer quelques réserves de forme et de fond sans pour autant faire obstacle à la ratification. En conséquence le lendemain nous avions l’adoption de la loi organique relative à la programmation et à la gouvernance des finances publiques, ce qui de fait revient à voter une « règle d’or » nous engageant à rétablir l’équilibre dans nos comptes publics et interdisant le recours à l’emprunt pour financer les dépenses de…fonctionnement. Si nous avions géré « en bon père de famille », ce que nous n’aurions jamais dû cesser de faire, nous ne serions pas dans cette situation.

Nous centristes, comme les gaullistes en leur temps nous avons toujours placé au cœur de nos préoccupations cette nécessité de bien gérer et d’équilibrer les finances publiques, en étant responsables vis-à-vis des générations futures. J’ai voté ce texte pour que nous ayons de fait cette règle d’or… veillons maintenant à ce qu’elle soit appliquée !

 

Amitiés

Philippe FOLLIOT

L’Europe et nous