| 30 MAR. 2020 |
Après la crise, il y aura la sortie de crise, et d’ores et déjà il est important de réfléchir à l’après. Mon intime conviction est que rien ne sera plus comme avant, et que cet épisode si douloureux soit-il, devra nous amener à réfléchir à l’avenir, y compris à l’adaptation de notre modèle de société.
Un million de Franciliens auraient quitté la région Parisienne pour se réfugier à… la campagne. Nombre de témoignages sur les réseaux sociaux d’amis ou connaissances en attestent : ils sont très nombreux à avoir « déserté » la capitale pour aller à la campagne, dans une résidence secondaire ou familiale.
Dans ma montagne Tarnaise, il en est de même, où nombreux sont ceux à avoir quitté Toulouse ou Montpellier… et sans retrouver le niveau du mois d’août, nombre de maisons se réouvrent, événement il est vrai assez exceptionnel en cette période de l’année. Le plus souvent, il ne s’agit pas de vacances mais de repli pour garder les enfants dans un cadre sain et sécurisé et télétravailler.
Finalement, face à cette crise sanitaire sans précédent et ce confinement qui en découle, on les comprend : plutôt qu’entassés dans un appartement exigu, celui-ci est plus facile à vivre, bien sûr, pour ceux qui en ont les moyens et opportunité, à la… campagne !
J’ai par le passé maintes et maintes fois dénoncé ce que j’ai appelé « le déménagement du territoire » avec la sidérante et triste perspective de passer de 80% de la population Française sur 20% du territoire à 90% de la population sur 10% du territoire !
Dans l’anagramme chinois du mot « crise » il y a « danger » et « opportunité ».
Le danger, c’est de ne tirer aucune leçon de ce qui s’est passé et de continuer comme avant avec des métropoles submergées et engorgées, avec des prix de l’immobilier à des niveaux extravagants, et toujours plus de trafic, de pollution, de délinquance, et… de promiscuité qui favorise l’expansion de virus tueurs…
L’opportunité, c’est de changer de modèle, d’en revenir à une vraie et ambitieuse politique d’aménagement du territoire et de laisser un vrai choix. Si on peut télétravailler un ou deux mois, pourquoi ne pas le faire plus régulièrement voire toute l’année. Un mouvement de retour à la campagne s’était engagé avant le COVID-19, et mon intime conviction est que celui-ci doit être accompagné, pour ne pas dire amplifié, par une politique volontariste de l’Etat et des collectivités locales.
Il faut sortir des clichés réducteurs et dire haut et fort qu’il fait bon vivre au TDCDM.
Chacun doit avoir la possibilité si ce n’est le droit de retrouver ou de bâtir son « heimat ». Dans nos campagnes, il y a des mines d’inventivité et d’innovations, et ce dans tous les domaines : de l’agriculture à la télématique, en passant par le tourisme, les actions solidaires, l’artisanat, les TPE…D’ores et déjà, je vais faire remonter des échanges et informations à ce sujet au plus haut niveau, et je poursuis ma campagne… pour la campagne !
Il y a 56 ans, Jean FERRAT l’avait pourtant déjà fredonné dans « La montagne » :
« Ils quittent un à un le pays
Pour s’en aller gagner leur vie
Loin de la terre où ils sont nés
Depuis longtemps ils en rêvaient
De la ville et ses secrets
Du formica et du ciné … »
Aujourd’hui, et demain plus encore, les rêves changent. Puissent-ils avoir envie, chance, ou opportunité, un demi-siècle après, « un à un », de revenir aux sources, à la nature, à la vie saine, à la taille humaine, à la… campagne !
Amitiés,
Philippe FOLLIOT