| 9 JUIN 2020 |
Tout aujourd’hui porterait à avoir une vision pessimiste de l’avenir du pays, du continent, du monde. Après une pandémie mondialisée et son immense cortège de victimes et avant un contrecoup économique, social, sociétal particulièrement difficile, la question qui se pose est de savoir, pour l’avenir, quel sera le monde d’après ?
Continuation ? Evolution ? Transformation ? Révolution ?
Je ne crois pas à la continuation pour repartir comme avant, comme si de rien n’était, comme s’il ne s’était rien passé. Une des grandes questions dans un monde et une société qui restera, malgré tout, marquée par la dimension échange, interdépendance, c’est de savoir si les autres décident de repartir comme avant, serons-nous en mesure de proposer, d’impulser voire d’imposer un autre tempo, une autre vision, un autre dessein ?
A mon humble avis, c’est là que se pose la question de l’Europe, de notre vision de l’avenir de l’Europe.
En fait, toute l’Europe a été touchée par cette crise mais plus ou moins touchée. Nous ne parlerons pas du décompte macabre des victimes mais des conséquences financières, économiques et sociales. Tout le monde a vu que la mutualisation de la relance à l’échelle européenne a été en partie réalisée, en partie seulement, car l’enjeu est le partage du risque et les bons élèves du nord, Allemagne en tête, rechignent à trop s’engager pour payer pour les pays du sud, France en tête. Comme nous nous sommes arrêtés plus rapidement, plus fort, plus longtemps que nombre de nos partenaires et que la reprise est plus partielle, plus lente, plus atone, tout cela est source d’inquiétude pour … l’avenir !
En rugby, quand dans une mêlée, les deux piliers ne poussent pas au même moment, avec la même force, dans la même direction, elle se désaxe et cela conduit tout droit … à la pénalité. C’est, à certains égards, ce qui se passe dans le couple franco-allemand, et depuis le funeste Brexit, il se doit d’être la première ligne, l’axe, le pivot de la mêlée européenne.
Si nous avions une vision optimiste, nous pourrions dire que par le passé, nous avons connu aussi des différences, discordances, divergences et que nous les avons toujours surmontés mais, demain, au regard de l’ampleur de la crise qui s’ouvre en sera-t-il de même ? Nul ne peut en présager.
Cette question de l’Europe et de son avenir se pose d’autant plus face au jeu des grandes puissances, face à la concurrence exacerbée des deux grandes puissances du moment, Etats-Unis et Chine, avec chacune leurs atouts et faiblesses, face à l’ambivalence russe, à la montée en puissance de l’Inde, à la remise en cause des acquis du multilatéralisme, l’Europe doit décider si elle sera acteur ou spectateur, active ou passive, libre ou vassale.
Dans un tel jeu, la marge de manœuvre strictement nationale devient de plus en plus congrue, donc pour en revenir à nous stricto sensu et à notre postulat de départ, je pense que la continuation n’est pas tenable, l’évolution pour aller vers la transformation nécessaire mais qu’en est-il de la révolution ?
Notre pays, qui a un passé et une expérience en la matière, a parfois eu la tentation de renverser la table et de tout mettre par terre pour comme en rêvent populistes de droite et de gauche, renverser la table pour récupérer à leur profit ce qu’il restera des oripeaux du pouvoir. Pouvons-nous nous le permettre au risque de mettre à mal un des deux biens précieux qu’il nous reste avec notre Défense, c’est-à-dire nos institutions ? Je crois que ce serait dangereux et terrible in fine pour les plus faibles et fragiles d’entre nous.
Depuis 2017, je me suis engagé pour l’auteur du livre « Révolution », celle-ci a, en partie, été engagée, et il a dit qu’il souhaitait dans cette nouvelle phase du quinquennat se remettre en question, changer la donne.
Nous espérons que des signaux pas perçus hier le seront demain, c’est important et essentiel… pour l’avenir de la France et de … l’Europe !