| 1er AVR. 2020 |
Depuis l’apparition du terrible COVID-19, la France et une bonne partie du monde tourne au ralenti. Grand contraste saisissant entre la frénésie d’hier et la torpeur d’aujourd’hui. Finalement, cet épisode de confinement subi peut être pour bon nombre d’entre nous l’occasion de se réapproprier le lien au temps.
Le vieil adage disait « le temps c’est de l’argent ». Que d’argent perdu depuis quinze jours pourraient penser certains… Je pense que le temps, ce n’est pas que de l’argent, même si nous sommes frénétiques de voitures, trains, avions, machines, connexions qui vont toujours plus vite pour… gagner du temps !
Notre logiciel va peut-être devoir changer pour s’adapter à la situation présente.
L’homme lent a toujours été présenté comme le symbole de l’inadaptation, de la faiblesse voire de l’oisiveté. En fait, rien de plus faux que cela, car lenteur de l’exécution peut parfois rimer avec précision du geste et qualité de l’action. Il y a quelques semaines, avec mes camarades du Cycle des Hautes Etudes de la Culture, nous visitions la manufacture des Gobelins et plus particulièrement le célèbre atelier des tapisseries. Ici, le temps est suspendu et depuis des siècles, sur les mêmes machines, les ouvrières et ouvriers tapissiers, avec minutie, précision et… lenteur effectuent les mêmes gestes qui sont ceux de l’excellence. Trois ans de labeur attentionné pour réaliser une tapisserie !
C’est finalement très réconfortant de voir de telles parenthèses, moi qui n’oublie jamais que la sublime cathédrale de ma ville de naissance, Albi, a été construite en… 150 ans !
La volonté d’avoir tout, tout de suite, d’essayer de s’affranchir des limites de la nature, doit nous amener à réfléchir sur les nécessaires évolutions de notre modèle de société, de prendre en compte certains facteurs temps oubliés.
Regarder jour après jour le printemps qui s’éveille, des fleurs qui éclosent, des arbres qui bourgeonnent, reprendre conscience de l’importance du rythme immuable et lent des saisons est peut-être aussi important que la vitesse de connexion de son portable au réseau.
Finalement, cet épisode plus lent me permet de prendre le temps de coucher quotidiennement quelques idées autour d’un mot que j’ai plaisir à partager avec vous. Même si l’écriture (manuscrite, nul n’est parfait) est lente, cette petite et posée gymnastique intellectuelle quotidienne est utile pour moi, et, je l’espère, pas trop déplaisante pour vous !
Finalement, et paradoxalement, c’est la fulgurante et terrifiante progression d’un microscopique virus qui se développe vite, vite et encore plus vite qui nous oblige à aller et vivre plus… lentement !
Amitiés,
Philippe FOLLIOT