| 29 AVR. 2020 |
Notre pays ne serait-il pas touché par une forme de léthargie, d’un état d’engourdissement et de torpeur, comme s’il était tétanisé face à la maladie ? Le déconfinement, le réveil, est compliqué, et le difficile et délicat exercice auquel s’attachent le Premier ministre et le Gouvernement est périlleux tant la ligne de crête est étroite, pour ne pas tomber d’une part dans un scénario catastrophe avec une pandémie incontrôlable et mortifère, ou d’autre part dans un autre scénario catastrophe avec des conséquences économiques et sociales sans précédent. « Le chemin est escarpé et la pente est raide, mais la voie est là » aurait dit un ancien Premier ministre.
Après deux mois à l’arrêt, cette léthargie ambiante, cet engourdissement latent, cette torpeur partagée, représente un grand danger pour notre pays car ailleurs en Europe ou dans le monde, la situation face à l’épidémie est la même, mais l’arrêt économique a souvent été moins brutal et la sortie de la léthargie semble plus franche.
A ce stade, il me parait très important, pour ne pas dire essentiel, de rappeler que cet état de léthargie n’est pas généralisé, bien au contraire, et pour cela, il suffit de voir l’activité, l’exemplarité des soignants, des forces de défense et de sécurité, des personnels de sécurité civile et de préfecture, des acteurs de toutes ces filières qui sont considérées comme vitales (agriculture, agroalimentaire, distribution des produits de première nécessité, énergie…) et de toutes celles et ceux qui dans l’ombre, de manière presque invisible, ont maintenu à flot ce qui pouvait l’être.
A ce stade, il me parait aussi important, pour ne pas dire essentiel, de rappeler que cet état de léthargie est, pour beaucoup, subi, que beaucoup ont envie, au-delà de reprendre leur vie d’avant, de retrouver leurs collègues de travail pour se remettre au plus vite dans le bain. Le huis-clos familial ou solitaire leur semble bien long et les sombres perspectives économiques et sociales les inquiètent, ils ont conscience que cette situation d’arrêt ne peut pas durer et que si on ne veut pas être trop criblés de dettes après, il faut retrouver de l’activité… rapidement !
A ce stade, il me parait malheureusement important, pour ne pas dire essentiel, de rappeler que cet état de léthargie est in fine apprécié par certains. Notre régime de chômage partiel, finalement assez protecteur, fait « qu’on ne se rend compte de rien » et que cette inactivité est arrivée un peu comme des « vacances » imprévues, et ce d’autant plus si on a la chance de ne pas vivre dans la promiscuité d’un grand ensemble de banlieue. Si améliorer son quotidien et faire à la maison et au jardin ce qu’habituellement on n’a pas le temps de faire n’est pas une mauvaise chose en soi, cela interpelle d’autant plus que nombre de nos concitoyens concernés réclament surtout l’ouverture des enseignes de bricolage, de jardinage et des… déchetteries !
En fait, au-delà de l’essentiel enjeu sanitaire, la reprise rapide d’activité me parait fondamentale, sinon nous risquons de nous retrouver face à une crise économique, sociale et sociétale majeure qui risque de faire plus de dégâts que la crise du virus elle-même. Bien entendu, il y aura toujours quelques irresponsables qui profitent de la situation pour trouver toujours prétexte à manifester, freiner, retarder voire empêcher la reprise d’activité. Le dialogue entre partenaires sociaux pour établir des codes de bonne conduite me parait être une bonne chose, tant le principe de responsabilité collective est fondamental pour trouver rapidement une issue la moins mauvaise possible. Agir avec volonté, détermination, sens du devoir et beaucoup de biaïs (bon sens paysan) pour s’adapter à la situation sanitaire nouvelle est une voie que d’autres pays ont expérimentée ; il serait important, faute d’avoir pu les précéder, de s’en inspirer.
Quiconque reste trop longtemps en léthargie, individu comme peuple, verra le train de la reprise, du développement, de la normalité, passer sans s’arrêter et pourrait le regretter pendant longtemps !
Peuple de France, sortons de la léthargie, de l’engourdissement, de la torpeur, réveillons-nous, retrouvons les accents d’une France exemplaire, dynamique et conquérante, combattant les injustices du monde, défendant les libertés du monde, promouvant les fraternités du monde, éclairant les Lumières du monde !
Amitiés
Philippe FOLLIOT