| 29 MAI 2020 |
Un à un, ils sont pour l’essentiel élus cette semaine, les maires de nos communes. Les derniers le seront tout début juillet, après le 2ème tour des élections municipales du 28 juin. Sentinelles de la République, ils jouent un rôle-base dans nos institutions car ils sont cet indispensable et fondamental socle sur lequel de nombreuses politiques publiques s’appuient. Si la colonne vertébrale de l’Etat, et on le voit plus particulièrement en cette période de crise sans précédent, est le corps préfectoral qui a relayé, décliné, organisé les politiques publiques, si les bras armés intérieurs de l’Etat sont la gendarmerie et la police, les mains de l’Etat, dans « le cambouis du quotidien », « à portée d’enguelade », ce sont les maires de nos communes.
Élu municipal, ayant été maire par deux fois, adjoint aussi, je connais et ai baigné au cœur des préoccupations des édiles et de leurs équipes. Ce mandat est comparable à nul autre, car avec son conseil, le maire pense un projet, le finance, le réalise et ensuite le fait vivre.
Ils ont été eux aussi dans cette première ligne, au côté des soignants, de la sécurité civile… pour faire face à cette terrible crise sanitaire : fonctionnement des services publics municipaux, gestion des masques, ouverture des écoles, soutien et accompagnement des personnes les plus fragiles…
Alors que la commune avait été malmenée par la loi NOTRe sous la précédente majorité, avec notamment des fusions de communautés de communes subies en fonction de critères uniquement technocratiques, alors qu’au début de ce quinquennat le Président de la République lui-même, ou plutôt ses conseillers à vrai dire, n’avaient pas toujours saisi la place et le rôle pivot des maires, aujourd’hui la mise en avant plus particulièrement pour la gestion de la crise par les autorités du duo maires/préfet est un signe majeur. Que le Gouvernement ait décidé de mettre un terme aux baisses de dotations aux communes est aussi une bonne chose, car je crois que tout le monde a enfin compris que l’investissement public de proximité initié par les communes et intercommunalités était essentiel pour l’activité économique de nombre de filières, BTP au premier rang, et sera fondamental dans le plan de redémarrage et de relance qui se dessine.
Le nouveau mandat des maires qui s’ouvre dans des conditions pour le moins exceptionnelles va être essentiel car nos territoires et collectivités seront en première ligne face à la crise économique et sociale à laquelle nous allons devoir faire face. Après cette phase de léthargie que nous connaissons, le retour à la réalité risque d’être rude, et c’est pour cela que nos communes ont besoin tout d’abord d’une certaine stabilité financière (plus de baisse de dotations de l’Etat) et surtout juridique (plus de fusions et de transferts de compétences subis).
D’un cadre vertical où de Paris on impose, il faut revenir vers plus d’horizontalité pour favoriser la capacité d’innovation des collectivités, notamment au travers du maître-mot qu’est la capacité à mutualiser des services et activités. Les Maisons France Service voulues par le Gouvernement seront un outil intéressant en la matière pour sortir de ce sentiment de déclassement qui s’est exprimé ces dernières années par différents biais, mais il faudra aller au-delà. Pendant toute la crise sanitaire, la seule commune de France où l’accueil du public au secrétariat est resté ouvert six jours sur sept fut un petit village de la montagne Tarnaise ! Qualité de service, utilisation des nouvelles technologies, invention de nouveaux modèles… : c’est ce que l’on doit permettre aux collectivités.
Cet exceptionnel maillage de 36 000 communes était considéré hier comme une contrainte, tout au moins par la technocratie ; je suis pour ma part convaincu que demain, ce sera un magnifique atout pour notre pays, dans le cadre historique des communes ou plus novateur des communes-nouvelles, du moment qu’on laissera aux maires et à leurs équipes les marges d’initiative, de liberté, de biaïs (le bon sens paysan dont j’ai souvent parlé) pour continuer à répondre aux attentes de leurs administrés, mais aussi et surtout engager leurs collectivités vers… les mille sentiers de l’avenir !
Amitiés,
Philippe FOLLIOT