Pérégrinations autour d’un mot : RESISTANCE

| 18 MAI 2020 |

La commémoration par le Président de la République hier, dans l’Aisne, de la contre-offensive de Montcornet par le colonel de Gaulle et la mise en avant de « l’esprit Français de résistance » est une très bonne chose. Le 9 janvier dernier, dans mon édito Une certaine idée de la France, je revenais sur l’année de Gaulle qui s’ouvre pour célébrer les 130 ans de sa naissance, les 80 ans de l’appel du 18 juin et les 50 ans de sa mort.

Au-delà des mots, au-delà des discours, au-delà des postures, la résistance ce sont des décisions, des actes, des faits.

La grandeur d’un pays, la force d’une nation, c’est de trouver de temps à autres de grands hommes qui, aux moments où l’égarement est quasi général, où la facilité est d’aller « quoi qu’il en coûte » dans une direction marquée du sceau du conformisme, sont capables d’incarner l’acte de résistance comme une fronde altruiste, généreuse, presque spontanée et non pas calculée, narcissique et intéressée. L’acte de résistance c’est une voie, et ces hommes-là n’hésitent pas à l’emprunter…

En fait, derrière le fait de résister, réside tout d’abord la possibilité d’identifier clairement contre quoi ou contre qui on veut se lever. Ensuite, il y a une dimension exceptionnelle dans cela, notamment au travers du renoncement au confort des habitudes et à la nécessité de se mettre en danger soi-même pour, mû par cette volonté sans failles, mener un combat lui aussi sans failles jusqu’à la victoire finale. L’esprit de résistance de de Gaulle, c’est la mise en œuvre de ses idées sur la guerre de mouvement dans un pays figé dans une doctrine défensive, statique derrière celle que l’on pensait infranchissable – la ligne Maginot dont le colonel de Gaulle, lui, avait compris seul contre tous qu’elle était fragile car… contournable !

L’esprit de résistance c’est, peu de temps après, le 18 juin quand, à contre-pieds de l’essentiel de la classe politique Française à l’exception des glorieux quatre-vingts parlementaires qui ont refusé les plein-pouvoirs à Pétain pour signer l’humiliante armistice, il s’engage. Finalement, ce que nous a montré de Gaulle, ce que nous ont montré ces quatre-vingts parlementaires, c’est qu’au cœur de la tempête il était nécessaire de faire fi de soi, des calculs, du conformisme, du risque de tout perdre, y compris la vie, pour relever un défi qui dépasse l’entendement, pour soulever une ambition qui dépasse la raison, pour accomplir une œuvre qui dépasse ses artisans afin, en l’occurrence, d’incarner le pays éternel au moment où le pays légal se fourvoyait dans des calculs politiciens, où le sauve-qui-peut était de mise.

La sagesse d’un peuple, c’est de ne pas oublier cela, la grandeur d’un peuple, c’est même de s’inspirer de cela !

L’épreuve que nous traversons, le choc que nous subissons, par l’ampleur des conséquences qui se dessinent, n’est pas si loin de l’effondrement de juin 1940. Le pire n’est jamais sûr, mais le pire est toujours à craindre. Au-delà du chef, de celui qui relève et qui incarne, il y a cette poignée d’individus qui, dès le début, se sont engagés pour l’encourager, le soutenir, le supporter et patiemment cette escouade de l’ombre s’est métamorphosé en une armée victorieuse.

L’esprit de résistance de quelques-uns en juin 1940 est ainsi devenu, autour du Conseil National du même nom, quatre ans après, la victoire de tout un peuple qui a franchi milles épreuves pour résister puis… se relever !

Amitiés,
Philippe FOLLIOT

Pérégrinations autour d’un mot : RESISTANCE