| 14 AVR. 2020 |
« Pour les moments les plus difficiles de leur Histoire, les Français ont fait preuve d’une capacité singulière à surmonter leurs oppositions et à se rassembler pour la défense du bien commun. Ils ont construit, dans ces rares périodes d’unité nationale, les fondements essentiels de notre pays, comme le fit en son temps le Conseil National de la Résistance. Les circonstances actuelles exigent que des personnalités issues de tendances différentes s’unissent afin de faire face à ces difficultés croissantes ».
Après la crise de 2009, ainsi je m’exprimais dans une tribune publiée le 23 septembre 2011.
Ce vœu de l’époque est resté pieu, pour autant faut-il y renoncer ? Assurément, je ne le crois pas.
A crise exceptionnelle, moyens exceptionnels, réponse exceptionnelle, rassemblement exceptionnel, Union nationale exceptionnelle.
L’avenir, peut-être l’avenir très proche, nous le dira, mais nous sommes quelques-uns à être convaincus que demain ne sera pas tout à fait comme hier. Bien entendu, il va falloir se redresser, rebondir après cette crise sanitaire, afin qu’elle ne débouche pas sur une crise économique et financière majeure.
Nous creusons les déficits afin de faire face à l’urgence, mais un jour ou l’autre, d’une manière ou d’une autre, nous devrons rembourser. Pour cela, il faudra une mobilisation exceptionnelle, sans promettre « du sang, de la sueur et des larmes » comme Winston CHURCHILL aux Anglais durant la Seconde Guerre mondiale, pour redresser notre économie, tirer les leçons de la crise et préparer les défis à venir. A l’instar de ce qu’avaient fait tous les partis en 1945, des communistes au MRP ; des socialistes aux radicaux… qui se sont retrouvés derrière le grand De Gaulle, aujourd’hui nous devrions tous nous retrouver derrière le Président de la République pour, pendant 18 mois, ouvrir une parenthèse salutaire afin que, dans le consensus le plus large, soient reformulées, impulsées, engagées, les nécessaires réformes dont à besoin notre pays.
Pour moi, l’ambition ne doit pas seulement être là, elle doit être de créer ces fondements, comme ceux du Conseil National de la Résistance qui ont engendré les « Trente Glorieuses », qui doivent nous permettre de repenser notre gouvernance au quadruple niveau local, national, continental, mondial ; de bâtir une transition écologique non pas urbaine, élitiste et décalée, mais pragmatique, populaire et partagée ; et de réfléchir et préparer les enjeux de demain, notamment sur la révolution de l’Intelligence Artificielle qui va tout bouleverser.
Peut-être sommes-nous à la croisée des chemins, et cette crise n’est que le révélateur des grandes mutations en cours, au même niveau que l’invention de l’imprimerie et la découverte des Amériques, l’invention de la machine à vapeur et la découverte des possibilités de l’électricité, l’invention de l’ordinateur et la découverte du monde, de l’accès à l’information et aux connaissance par Internet…
Bien entendu, je ne méconnais pas les jeux politiciens, je ne méconnais pas les nœuds catégoriels, je ne méconnais pas les enjeux existentiels, je ne méconnais pas la nature humaine, mais je suis convaincu qu’in fine, ce qui nous rassemble, la République, la Nation, la Laïcité, le Partage… est bien plus fort que ce qui nous divise.
Sortir de notre zone de confort politique, syndical, professionnel, ne sera pas facile, mais nous devons le faire pour nous et… pour les autres !
J’ai l’extrême faiblesse de penser que la France peut et doit encore porter un message universel : notre Histoire nous y invite, notre position de membre permanent du Conseil de Sécurité nous y oblige, notre dimension mondiale et maritime au travers de l’Archipel France nous y pousse… Repenser des éléments de gouvernance à l’échelle européenne – gardons en tête ce que l’Union nous a apporté ! – voire à l’échelle mondiale – aucun avion ne pourrait voler sans une réglementation internationale et partagée… – sera un tel défi que, pour le relever, je pense que nous serions bien inspirer de choisir la voie de… l’Union !
Amitiés,
Philippe FOLLIOT