| 31 MAR. 2020 |
Villes fantômes, villes désertes, villes silencieuses… Au brouhaha de la frénésie urbaine a succédé une certaine torpeur qui rend les ruches citadines méconnaissables.
Aujourd’hui, un quart de la population mondiale, essentiellement urbaine, est confinée. Trafic quasi nul, transports en commun espacés et vides, boutiques fermées, restaurant clos, cinémas, théâtres et musées en veilleuse, tous rassemblements, événements et manifestations sportives et culturelles interdits, nos villes sont entrées dans une forme d’hibernation… printanière !
La peur de l’ennemi invisible change les rapports sociaux et impose une nouvelle norme de distanciation. Finies bises et poignées de mains chaleureuses, une barrière symbolique d’un mètre au moins sépare les individus. Paradoxalement, ce confinement et cette distanciation a créé des rapprochements : on applaudit à la fenêtre les soignants à 20h, mais aussi on fait mieux que se croiser, on se reparle entre voisins autrefois anonymes, on partage les mêmes peurs, angoisses mais aussi espoirs ou fraternités. La solidarité retrouve un sens dans certains immeubles où on s’organise pour aider et ravitailler la personne âgée ou handicapée qui ne peut pas sortir ou la mère célibataire confinée avec ses enfants. En fait, on y retrouve un peu d’humanité… campagnarde !
Point n’est mon propos que de brosser un portrait idyllique de la situation ; il y a malheureusement quelques comportements abjects d’une imbécilité sans nom, mais le moins que l’on puisse dire c’est que ce virus, au-delà des destins brisés, des vies cabossées, de souvenirs douloureux, laissera des traces dans les relations interpersonnelles entre citoyens au sens littéral du terme « habitants de la cité ».
Finalement, c’est la grande, pour ne pas dire l’éternelle, question de la résilience du corps social face à un événement aussi brutal qu’inattendu qui se pose. Pour connaitre pareil chamboulement, je pense qu’il faut remonter à juin 1940 et cette terrible débâcle qui, en quelques jours, avait mis le pays à genoux et l’horrible drapeau nazi flottant aux quatre coins de la capitale et d’une bonne partie du pays.
Dans ce décor dévasté, un homme, le Général de Gaulle, le 18 juin lançait depuis Londres son célèbre appel et ainsi, au cœur de la nuit noire et brune, une petite étoile nommée espérance s’était mise à briller. Quatre ans plus tard, après moults combats, batailles et quelques victoires, il revenait dans la même ville déclamer « Paris ! Paris outragée ! Paris brisée ! Paris martyrisée ! Mais Paris libérée ! »
Mon espoir, notre espoir, ce n’est pas dans quatre ans, pas dans quatre mois, mais dans quatre semaines de voir Paris comme la France enfin libérée de cette terrible « épée de Damoclès » sur nos têtes, et non pas revenir à la situation antérieure, mais résolument nous tourner vers les « mille sentiers de l’avenir ».
Amitiés,
Philippe FOLLIOT