Interpellé depuis quelques mois par les apiculteurs professionnels et amateurs du département, Philippe FOLLIOT a récemment déposé une proposition de loi visant à classer le frelon asiatique comme espèce nuisible. Cet insecte introduit par inadvertance en 2004 dans le sud-ouest est aujourd’hui un fléau qui menace à la fois les apiculteurs, la biodiversité et in fine la santé publique, comme en témoigne plusieurs décès constatés en 2011.
Si le fait de légiférer n’est pas indispensable au classement en espèce nuisible, la loi déposée par le député Folliot a permis de faire avancer le dossier. En effet, lors des questions d’actualité du 21 décembre, il a pu interpeller la ministre de l’Ecologie qui l’a assuré de son soutien : « Le classement de l’espèce comme nuisible ne permettra pas, d’un coup de baguette magique, de trouver une solution de lutte appropriée, mais il permettra probablement au ministère de l’agriculture, en charge d’organiser la lutte contre le frelon asiatique, d’être plus efficace et il permettra également aux collectivités locales et aux services d’incendie et de secours d’intervenir plus systématiquement alors qu’ils ne se déplacent pour l’instant qu’en cas de danger immédiat – lorsqu’un nid est découvert dans une école, par exemple.C’est donc une bonne initiative que vous prenez, monsieur Folliot, et nous la suivrons. »
Reste à savoir à présent quels seront les modalités réglementaires que prendra la Ministre de l’Ecologie. Philippe FOLLIOT espère quant à lui qu’elles seront prises avant le printemps, période la plus propice à la destruction des nids.
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M. Philippe Folliot. Féroce et agressif, venant de Chine, il colonise insidieusement notre pays et se propage petit à petit, entraînant de graves problèmes : je veux parler de Vespa velutina, ou frelon asiatique, introduit en 2004 par inadvertance dans le Sud-Ouest, qui prolifère dans des proportions particulièrement inquiétantes et devient une véritable menace tant pour la filière apicole que pour la biodiversité et pour chacune et chacun d’entre nous.
Menace pour la filière apicole, car il attaque et tue les abeilles européennes Apis mellifera et met à mal une activité importante pour nos terroirs : ce fléau menace près de 1 345 000 ruches et 69 000 apiculteurs en France.
Menace pour la biodiversité, car la prolifération de cette espèce, qui n’a pas de prédateur en Europe, est alarmante, chaque nid comportant 4 000 à 5 000 frelons. Il fait des dégâts considérables sur les abeilles mais aussi sur les guêpes autochtones, avec de lourdes conséquences sur la si essentielle fonction de pollinisation que ces deux espèces assurent. Menace pour l’homme enfin, car s’il ne faut pas sombrer dans une quelconque psychose, il importe de souligner que nous avons déploré cet été les deux premiers décès en France causés par des frelons asiatiques. Les spécialistes sont d’accord pour dire que les conséquences d’une piqûre de cet insecte sont autrement plus dangereuses que celles, déjà sévères, que peut provoquer la piqûre d’une simple guêpe.
Auteur d’une proposition de loi sur cette question, j’ai recueilli en quelques jours plusieurs dizaines de signatures de collègues députés répartis sur tous les bancs de cet hémicycle, ce qui montre combien sont grandes les inquiétudes. Dans ce texte, nous demandons – cette décision aurait dû être prise depuis longtemps – que cette espèce qualifiée d’« invasive » par le ministère de l’agriculture soit classée « nuisible », et que les moyens adéquats pour enrayer sa dangereuse prolifération soient mis en œuvre. Madame la ministre de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement, que comptez-vous faire concrètement à court terme ?
Mme Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement. Monsieur le député, effectivement, le frelon asiatique prolifère, notamment dans le Sud-Ouest. Et ce phénomène est source de très grandes inquiétudes. Les spécialistes ne s’accordent pas sur la question de savoir s’il est plus dangereux pour l’homme que le frelon ou la guêpe ordinaires. Ce qui est certain, c’est que le caractère récent de sa présence sur notre territoire fait que nous savons moins bien le combattre alors qu’il cause de très gros dégâts.
Ces dégâts frappent avant tout l’apiculture, qui est déjà très fortement affectée par la mortalité des abeilles et qui doit faire face à un surcroît de problèmes. Depuis 2009, plusieurs institutions et services sont mobilisés – inspections générales du ministère de l’agriculture, du ministère de l’écologie, Institut national de la recherche agronomique et Muséum national d’histoire naturelle – afin de rechercher des solutions.
Les solutions ne sont pas simples. Il faut d’abord repérer les nids de frelons, souvent difficiles à atteindre car ils sont construits très haut. Il faut établir des méthodes de lutte sélective, qui restent à mettre au point, ou encore explorer des pistes comme le piégeage des reines au sortir de l’hibernation. Ce point lui aussi est en débat.
Le classement de l’espèce comme nuisible ne permettra pas, d’un coup de baguette magique, de trouver une solution de lutte appropriée, mais il permettra probablement au ministère de l’agriculture, en charge d’organiser la lutte contre le frelon asiatique, d’être plus efficace et il permettra également aux collectivités locales et aux services d’incendie et de secours d’intervenir plus systématiquement alors qu’ils ne se déplacent pour l’instant qu’en cas de danger immédiat – lorsqu’un nid est découvert dans une école, par exemple. C’est donc une bonne initiative que vous prenez, monsieur Folliot, et nous la suivrons.