Ce mardi 26 novembre 2013, lors des questions d’actualités au Gouvernement, Philippe FOLLIOT a interrogé Monsieur Laurent FABIUS, Ministre des Affaires Etrangères, sur une intervention militaire française en République Centrafricaine. il a demandé au Ministre des précisions sur le cadre juridique de cette intervention, notamment sur la résolution des Nations-Unies, et sur la capacité des forces africaines à se déployer rapidement et efficacement sur ce théâtre quand on voit les difficultés de la MINUSMA au Mali. Il lui a également des précisions sur le comportement de l’Europe et quelle est la nature des contacts pris avec nos alliés pour qu’ils puissent nous soutenir militairement, logistiquement ou financièrement dans cette opération ?
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Monsieur Philippe FOLLIOT. Monsieur le Ministre, la République Centrafricaine compte parmi les pays les plus pauvres au monde, en proie à une guerre civile, plus ou moins larvée depuis plusieurs années voire décennies. Elle s’enfonce chaque jour un peu plus dans le chaos. L’Etat central est failli, il n’existe plus. Des pans entiers, notamment le nord-est, dans la région de Birao, dite « zone des trois frontières », échappent à tout contrôle des autorités de Bangui depuis une dizaine d’années. Elle est devenue une zone grise où prospèrent des bandes armées autour du Selaka avec des pillages, exactions et viols en tous genres. Le spectre du génocide inter ethnique et religieux n’est pas loin. Comme elle l’a fait au nord Mali, la France ne pouvait rester insensible à l’émergence d’une telle zone de non droit et au triste sort des populations civiles. L’UDI soutient l’initiative de la France dans le cadre de la force Boali de renforcer pour atteindre le millier notre contingent de 450 hommes sur place, actuellement les parachutistes du prestigieux 8ème RPIMA de Castres, régiment que vous avez, du reste, visité il y a quelques jours. Toutefois, nous nous interrogeons sur le cadre juridique de cette intervention, notamment sur la résolution des Nations-Unies nous y autorisant, et sur la capacité des forces africaines à se déployer rapidement et efficacement sur le théâtre quand on voit les difficultés de la MINUSMA au Mali. De plus, que va faire l’Europe et quelle est la nature des contacts pris avec nos alliés pour qu’ils puissent nous soutenir militairement, logistiquement ou financièrement dans cette opération ? Le jour même où l’Assemblée nationale engage le débat sur une Loi de Programmation Militaire lourde d’incertitudes, cela démontre plus que jamais que la Défense doit être une priorité politique et budgétaire pour le pays.
Monsieur Laurent FABIUS. Monsieur le député, tout d’abord, je vous remercie beaucoup pour la description que vous avez faite de la situation, effectivement dramatique, en République centrafricaine, et pour le soutien de votre groupe. Vous posez deux questions précises. Tout d’abord, dans quel cadre juridique l’action de la France va-t-elle se situer ? Ce sera dans le cadre d’une résolution des Nations unies qui devrait intervenir la semaine prochaine, au titre du chapitre VII. Vous savez tous ici ce dont il s’agit : un mandat sera donné à la fois aux forces africaines de la MISCA et à la France. Il y a unanimité au Conseil de sécurité sur ce sujet. Deuxièmement, vous m’avez demandé quel contact sont pris avec nos partenaires européens. Je suis en train d’y travailler, car plus il y aura de soutien européen sous forme militaire, logistique ou financière, et plus ce soutien interviendra rapidement, plus nous serons en capacité d’agir. J’ajoute que, dès lors que la résolution des Nations unies sera adoptée et que le Gouvernement aura pris sa décision, le Parlement, selon les textes qui nous régissent, sera naturellement consulté. Pour conclure, que visons-nous dans cette opération ? Tout d’abord, venir en aide face à une situation humanitaire réellement abominable ; ensuite, rétablir la sécurité dans un pays en train d’imploser ; troisièmement, permettre une transition politique – car les autorités sont transitoires – ; quatrièmement, le moment venu, rendre possible le redémarrage du développement économique.