Le 13 mars 2013, lors des questions d’actualités au Gouvernement sur les sujets européens, Philippe FOLLIOT a interrogé Monsieur Laurent FABIUS, Ministre des Affaires Etrangères, sur l’engagement de la France au Mali. Réaffirmant le soutien indéfectible de l’UDI sur cette question-là, il s’est inquiété du silence et de l’absence de Madame Catherine ASHTON, Haut Représentant de l’Union Européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, et, avec elle, de l’Europe. Il a rappelé que pour mettre fin à cette crise, qui ne concerne pas seulement le Mali sinon l’ensemble du continent africain, il fallait apporter une réponse paneuropéenne. S’il s’est réjoui de la volonté de l’ONU de mettre en place une mission de maintien de la paix, il a souhaité que soit présenter un plan d’action destiné à mobiliser l’Europe sur la question malienne.
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Monsieur Philippe FOLLIOT. Perdue de vue, disparue : bientôt un avis de recherche pourrait être lancé. Où est passée Mme ASHTON, Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité ? Si l’on parle du Mali, où est passée, avec Mme ASHTON, l’Europe ? Depuis le 11 janvier 2013, la France est engagée au Mali. Plus précisément, la France est engagée seule au Mali. Dès l’annonce de l’opération Serval, les députés du groupe UDI et leur président Jean-Louis BORLOO ont apporté un soutien sans réserve au Président de la République et au Gouvernement, dans un esprit de responsabilité et d’union nationale, face à une situation d’extrême urgence et de danger, tant pour la population malienne que pour les 6 000 ressortissants français de Bamako. Un hommage tout particulier doit être rendu à nos hommes, à nos soldats sur le terrain qui, dans des conditions difficiles, font un travail tout à fait remarquable. Toutefois, dès les premières heures de l’intervention de nos troupes au Mali, et compte tenu de la gravité de la situation, le groupe UDI a demandé la réunion d’un sommet européen a appelé le Président de la République à un tour des capitales de l’Europe. Il a appelé le Gouvernement à une mobilisation véritablement européenne qui, à notre grand regret, n’a pas réellement eu lieu. Trois mois après le début de l’opération Serval, où sont nos partenaires européens ? Au-delà d’un soutien logistique et hors l’aide à la formation, la France est toujours seule sur le terrain. Pourtant, au-delà du Mali ou du Nord-Mali, c’est tout l’arc sahélien, méditerranéen, s’étendant jusqu’à l’Afrique centrale, qui est concerné. C’est bien la région tout entière qui connaît une grave crise et se trouve déstabilisée, par des trafics mais aussi par une guerre djihadiste. Face à un sujet panafricain, c’est donc une réponse paneuropéenne et internationale, qui est nécessaire. À ce titre, nous saluons la perspective de la mise en place d’une opération de maintien de la paix de l’ONU au Mali. Monsieur le ministre, quel est votre plan d’action pour une mobilisation politique de l’Europe en Afrique en général, au Mali en particulier ?
Monsieur le président. La parole est à M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères.
Monsieur Laurent FABIUS, ministre des affaires étrangères. Monsieur le député, merci de votre soutien renouvelé, puisque vous la soutenez depuis le début, à l’initiative de la France au Mali – nous avons eu l’occasion d’en parler plusieurs fois. Monsieur CANFIN vient d’expliquer, à juste raison, que, sur la partie développement, qui est importante même si, bien sûr, ce n’est pas la seule, nous avions le soutien de l’Europe. Nous l’avons demandé, nous l’avons obtenu, très bien. De la même façon, pour être parfaitement honnête vis-à-vis de l’Europe, il faut reconnaître que la formation de l’armée malienne sera assurée, dans une large mesure, par des soutiens européens, comme vous le savez, Monsieur FOLLIOT. C’est une bonne chose. En revanche, pour la partie sécurité, initiative militaire, votre constat est malheureusement assez exact : c’est essentiellement sur la France et sur les troupes africaines qu’il a fallu s’appuyer. On comprend bien que c’était nécessaire au début. Nous n’allions pas, alors que l’attitude des groupes terroristes était ce que vous savez et que la décision devait être prise en quelques heures, consulter l’ensemble des partenaires. Certains nous ont aidés, et il faut le reconnaître. J’en discutais tout à l’heure avec mon collègue et ami monsieur Le DRIAN : en ce qui concerne le ravitaillement et un certain nombre d’aides logistiques, vous l’avez souligné, il y a eu des aides. Cependant, c’est vrai, la France et ses soldats, auxquels vous avez à juste titre rendu hommage, assument l’essentiel de la charge du travail et de la responsabilité. Ce n’est malheureusement pas surprenant, parce qu’il n’y a pas de politique de défense européenne. Nous devons, monsieur FOLLIOT, unir nos efforts pour qu’il y ait vraiment, à l’avenir, dans ces circonstances et dans toutes les autres une véritable action européenne. La France n’est pas seule, on le verra à l’ONU. Simplement, une fois de plus, elle est à l’initiative.