Lors des questions d’actualités du mercredi 16 octobre dernier, Philippe FOLLIOT a interrogé le gouvernement sur la prochaine loi de programmation militaire dont le vote aura lieu à la fin de l’année 2013. Au cours de son intervention, il a rendu hommages aux forces militaires et n’a pas remis en cause l’action entreprise par Président de la République qui a décidé le 11 janvier 2013 d’intervenir au Mali, en menant l’opération SERVAL aux côtés des forces armées maliennes. Cette intervention, bien que périlleuse, a été malgré tout : « un incontestable, et réel succès », qui a démontré le courage des militaires engagés dans le conflit, ainsi que l’efficacité du matériel employé. Depuis, la défense, fonction régalienne de l’Etat, ne semble plus constituer une des priorités du gouvernement, comme l’a dénoncé Philippe FOLLIOT. En effet, la future LPM prévoit la suppression de 34000 postes auxquels s’ajoutent les 44000 suppressions déjà effectués depuis 2008. 58% de la baisse des effectifs de la fonction publique sont supportées par le ministère de la défense. En plus de ces suppressions de postes, la dotation en équipements personnels demeure trop faible, les moyens pour l’entretien des matériels insuffisants, et les conditions de vie en régiment dégradées. Philippe FOLLIOT a de ce fait demandé quelles sont ses intentions du gouvernement pour rectifier et améliorer la situation des militaires qui ressentent aujourd’hui un sentiment d’injustice, en vue de la loi de programme militaire.
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Monsieur Philippe FOLLIOT. La première année d’action du Président de la République ne compte qu’un seul succès incontestable : l’opération SERVAL au Mali. Les députés du groupe UDI, républicains et responsables, ont soutenu sans réserve une opération périlleuse, d’ailleurs loin d’être terminée, au cours de laquelle nos matériels ont prouvé leur efficacité et nos hommes, surtout, se sont conduits de manière exemplaire avec professionnalisme, courage et sens du devoir. Alors qu’elle n’a pas failli dans des conditions très difficiles et apporté un beau succès à la France, la défense ne fait pas partie des priorités de ce gouvernement. Le Président de la République lui-même en a fixé trois : l’éducation, la sécurité et la justice. La défense, fonction régalienne, n’en fait pas partie. En dépit du volontarisme de M. le ministre de la défense, la prochaine loi de programmation militaire prévoit de faire subir à nos armées une nouvelle saignée : 34 000 postes vont être supprimés, en plus des 44 000 déjà disparus depuis 2008. Aujourd’hui, l’ensemble des forces combattantes du pays tient dans le stade de France. Demain, dans le Parc des Princes ? Un réel malaise règne dans nos armées, car les suppressions de postes touchent désormais les forces opérationnelles, comme l’illustrent les dissolutions de régiments et de bases en cours. En fait, un sentiment d’injustice prédomine parmi les militaires. Ils subissent à eux seuls 58 % de la baisse des effectifs de la fonction publique. En dépit du lourd tribut déjà payé, leurs conditions de vie et d’entraînement demeurent dégradées, les moyens pour l’entretien des matériels sont insuffisants, le paiement des soldes subit la faillite du logiciel Louvois et le sens des hautes responsabilités leur paraît mal compris au ministère. Que comptez-vous faire, monsieur le Premier ministre, pour rendre à nos militaires la confiance et les moyens qu’ils méritent ?
Monsieur Jean-Yves Le DRIAN Merci de votre question, monsieur le député FOLLIOT. Merci d’avoir rendu hommage à l’action de nos forces armées au Mali. Elles y sont toujours présentes et contribuent à la bonne transition de ce pays vers la démocratie et le développement. Votre question appelle une première observation d’ordre volumétrique. À la fin du processus de la loi de programmation militaire, les forces françaises compteront environ 243 000 militaires. Ce qui signifie, si je vous suis bien, qu’il faudra tripler la capacité du stade de France ! Sans doute avez-vous pris des initiatives à cet égard… Plus sérieusement, pour en revenir à votre question, le Président de la République et le Premier ministre ont décidé de sanctuariser le budget de la défense tel que l’a laissé la précédente majorité, c’est-à-dire à un plancher de 31,4 milliards d’euros par an, il faut le reconnaître. Je me rends très souvent auprès de nos forces et rencontre des militaires fiers de ce qu’ils font au service de la nation, déterminés, professionnels et confiants dans leur avenir. S’ils ont des inquiétudes, elles portent essentiellement sur les deux points que vous avez soulevés à raison : l’aberrant, l’erratique système des soldes, que j’ai trouvé en arrivant, monsieur le député et que j’essaie de régler le mieux possible, ce qui n’est pas simple tant c’est compliqué et leur capacité d’entraînement, qui constituait une variable d’ajustement mais dont la loi de programmation militaire fait la priorité pour les six ans à venir.