| 8 FEV. 2019 |
Le jeudi 7 février 2019, Philippe FOLLIOT a adressé une question écrite au Ministre de l’Education nationale sur l’enseignement des langues régionales et notamment de l’occitan.
En effet, alors que de nombreux enseignants et associations s’inquiètent de la réforme du bac et des modifications que cela pourraient entraîner concernant les langues régionales, Philippe FOLLIOT a interrogé le Ministre afin de connaître sa position et savoir ce que le Gouvernement envisage de mettre en œuvre.
Vous trouverez ci-dessous le texte de la question :
Monsieur Philippe FOLLIOT, Député du Tarn, attire l’attention de Monsieur le Ministre de l’Éducation nationale sur le devenir de l’enseignement des langues régionales et notamment de l’occitan. En effet, de nombreux professeurs s’inquiètent de la réforme du bac qui semble entraîner des modifications qui, selon eux, porteraient atteinte au développement de cet enseignement. Il apparaîtrait que le poids de la discipline serait fortement amoindri dans la note finale, ce qui nuirait à son attractivité, qu’elle serait en concurrence accrue avec les langues anciennes, qui bénéficieraient d’un coefficient trois fois supérieur à celui des langues régionales, et que la possibilité de choisir la langue régionale en candidat libre serait désormais exclue. Les professeurs et associations, s’inquiétant de ces possibles mesures, craignent que de nombreux rectorats et établissements réduisent ou suppriment les cours de langues régionales en prévision de cette perte d’attractivité. Ainsi, ils proposent la restitution des possibilités de choisir l’option de langue régionale sous toutes ses formes, le rétablissement du caractère bonifiant de l’épreuve, l’égalité de coefficient entre toutes les options de langue vivante ainsi qu’une politique active de promotion de la langue régionale. Au-delà, concernant l’enseignement dans sa généralité, ils proposent la présence d’au moins un poste de conseiller pédagogique de langue régionale dans chaque département, la création d’un concours de recrutement spécifique, le rétablissement de l’option langue régionale dans le concours ordinaire, la présence d’une information sur la langue dans la formation initiale des professeurs ou encore le rétablissement d’une formation continue en la matière. Ainsi, Monsieur le Député souhaiterait connaître la position de Monsieur le Ministre à ce sujet et savoir ce que le Gouvernement souhaite mettre en œuvre pour assurer l’enseignement des langues régionales.
Le 5 mars, le ministère a fourni la réponse ci-dessous :
Le ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse est attaché à la préservation et à la transmission des diverses formes du patrimoine linguistique et culturel des régions françaises, et la situation de l’enseignement des langues régionales fait l’objet de la plus grande attention dans les académies et territoires concernés. La circulaire n° 2017-072 du 12 avril 2017 a rappelé d’une part cet attachement, d’autre part le cadre du développement progressif de l’enseignement des langues et cultures régionales. A ce niveau, les textes réglementaires relatifs à l’enseignement des langues régionales au lycée constituent un cadre à la fois solide et souple, qui offre des garanties pour assurer leur pérennité et leur développement. La réforme du baccalauréat et du lycée entrant en vigueur pour les élèves de première à partir de la rentrée 2019, et pour les élèves de terminale à partir de la rentrée 2020, prévoit les dispositions règlementaires concernant les enseignements en langue vivante régionale, publiées au JO du 17 juillet 2018 et au BOEN du 19 juillet 2018. Ces arrêtés prévoient la possibilité pour un élève de choisir les langues régionales au titre des langues vivantes B dans les enseignements communs et au titre de la langue vivante C dans les enseignements optionnels. Dans la voie générale, la langue vivante régionale choisie au titre de la langue vivante B a un poids plus important en termes de coefficient dans l’examen qu’avant la réforme. En effet, la langue régionale choisie comme langue vivante B constitue l’un des six enseignements communs ayant exactement le même poids dans l’examen, c’est-à-dire que tous ces enseignements comptent dans leur ensemble à hauteur de 30 % de la note finale. S’agissant de la langue régionale choisie au titre d’enseignement optionnel (LVC), elle comptera parmi les disciplines valorisées à l’examen pour les résultats des bulletins, soit 10 % de la note finale de l’examen : ceci permet de valoriser le choix, le travail et les progrès de l’élève tout au long du cycle terminal. En ce qui concerne spécifiquement la voie technologique, dans toutes les séries, le choix d’une langue régionale demeure possible au titre de la langue vivante B dans les enseignements communs. Pour l’enseignement optionnel, le choix d’une langue vivante régionale au titre de la langue vivante C est proposé dans la série « Sciences et technologies de l’hôtellerie et de la restauration » (STHR). Il en résulte que dans le cadre du baccalauréat 2021, les langues régionales peuvent toujours être choisies par les élèves dans les filières technologiques. Par ailleurs, l’enseignement bilingue pour les langues régionales, régi par l’arrêté du 12 mai 2003 relatif à l’enseignement bilingue en langues régionales à parité horaire dans les écoles et les sections langues régionales des collèges et des lycées, a vocation à se développer, dans les mêmes conditions que précédemment, et en adoptant la nouvelle architecture du lycée. Dans l’objectif de développer les compétences des élèves en langues vivantes régionales, l’arrêté du 22 décembre 2018 relatif aux conditions d’attribution de l’indication section européenne ou section de langue orientale (SELO) et de l’indication discipline non linguistique ayant fait l’objet d’un enseignement en langue vivante (DNL) sur les diplômes du baccalauréat général et du baccalauréat technologique a étendu le champ d’application de la modalité pédagogique des « disciplines non linguistiques » (DNL) hors section européenne ou section de langue orientale, précisant que les DNL « peuvent être dispensées en partie en langue vivante étrangère ou régionale, conformément aux horaires et aux programmes en vigueur dans les classes considérées » (article 6). Si l’élève suit au moins une heure hebdomadaire en LVR sur un horaire de DNL durant tout le cycle terminal et obtient une note égale ou supérieure à 10 sur 20 à une évaluation spécifique de contrôle continu visant à apprécier le niveau de maîtrise de la langue qu’il a acquis dans cette DNL, l’indication de la DNL suivie en LVR figure alors sur son diplôme du baccalauréat, conformément à l’arrêté du 20 décembre 2018 relatif aux modèles du diplôme des baccalauréats général et technologique. De plus, en vue de consolider la place et la dynamique des langues régionales dans le cadre du Bac 2021, il a été décidé d’introduire les langues vivantes régionales en tant qu’enseignement de spécialité avec un horaire de 4 heures en première, de 6 heures en terminale, et un coefficient de 16 aux épreuves du baccalauréat, comme tout enseignement de spécialité de la voie générale. Ainsi un projet d’arrêté modificatif a été présenté au conseil supérieur de l’éducation (CSE) du 6 février 2019. D’une part, il modifie l’intitulé de l’enseignement de spécialité « Langues, littératures et cultures étrangères » en « Langues, littératures et cultures étrangères et régionales » et, d’autre part, il précise que les langues concernées par cet enseignement sont les langues vivantes A ou B ou C de l’élève. Ces propositions ont recueilli un vote favorable du CSE. Enfin, une réflexion est engagée avec le CNED pour envisager une offre en langue régionale qui puisse être conçue conformément aux dispositions de l’article L.312-10 du code de l’éducation, qui prévoit que les langues et cultures régionales sont à favoriser « dans les régions où ces langues sont en usage ».