Philippe FOLLIOT est intervenu le jeudi 21 février dans le cadre d’une proposition de loi sur l’élargissement des conditions d’attribution de la carte du combattant aux anciens combattants de la guerre d’Algérie. Favorable à cette reconnaissance de droits, et regrettant qu’elle n’ait pas été adopté par la majorité, il a salué la mémoire et le courage de nos soldats morts pour avoir défendu et servi notre pays.
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Philippe FOLLIOT : « Mourir en combattant, c’est la mort détruisant la mort », a écrit Shakespeare. Ces propos doivent résonner dans nos têtes au moment où nous parlons des anciens combattants et de tous ceux qui, par devoir, mais aussi par volonté de servir les armes de la France et d’agir pour la patrie, sont allés jusqu’au sacrifice suprême : celui de leur vie.
Ma première pensée va à nos deux hommes qui viennent de perdre la leur au Mali, mais aussi à ceux qui sont tombés il y a quelques semaines en Somalie. Nous devons être capables d’honorer la mémoire de tous ceux qui sont morts pour la France ou morts pour la paix. J’aurai aussi une pensée pour nos quatre-vingt-huit compatriotes tombés en Afghanistan, et tout particulièrement pour les dix soldats tombés dans l’embuscade de la vallée d’Uzbin, dont huit appartenaient au RPIMA de Castres. Car c’est à cette occasion que la nation a pu éprouver sa capacité de résilience en même temps que la nécessité de prendre conscience que toute action de guerre menée où que ce soit présente un risque : celui, pour la France, de perdre un certain nombre de ses enfants. Avant ces terribles événements de la vallée d’Uzbin, notre mémoire collective s’était un peu perdue : depuis l’attentat du Drakkar en 1983, nous avions oublié ce qu’il pouvait en coûter d’intervenir à l’extérieur.
Cette proposition de loi a finalement le mérite de nous permettre de réfléchir quelques instants sur la nature même de l’engagement de nos compatriotes, il y a un peu plus d’un demi-siècle, en Afrique du Nord : près de 25 000 d’entre eux sont tombés en Algérie. À réfléchir également sur notre capacité à regarder sereinement notre propre histoire. Il est paradoxal, anachronique d’une certaine manière, que nous nous posions seulement aujourd’hui cette question de l’équité entre toutes les catégories d’anciens combattants qui ont évolué sur ce théâtre ; car parallèlement à la nécessité, essentielle, de perpétuer leur mémoire, il y aussi la nécessité de garantir une forme de justice.
Notre collègue et ami Francis Hillmeyer a excellemment développé les positions du groupe UDI, je n’y reviendrai pas. Je rappellerai simplement que, dans ce combat juste, on peut rendre hommage à l’ensemble des associations d’anciens combattants qui luttent incessamment pour que l’on n’oublie pas. J’aurai une pensée particulière pour ceux qui, autour du président Pellet, ont constitué, dans le petit village de Montredon-Labessonnié, dans le Tarn, un mémorial national, tout à fait symbolique, consacré aux combats d’Algérie et d’Afrique du Nord. À travers ce mémorial et la maison du combattant que vous avez visitée il n’y a pas très longtemps, monsieur le ministre, c’est ce même combat qu’ils mènent, le combat pour que l’on n’oublie pas. Dans quelques années, quand tous ceux qui auront combattu ne seront plus là, il faudra qu’il reste quelque chose de leur action dans la mémoire collective.
De la même façon, il faudra, dans notre mémoire collective, considérer avec justice et équité nos compatriotes d’origine algérienne qui avaient, à l’époque, fait le choix de la France. Ils ont vécu des drames qui se sont traduits par plusieurs milliers de morts, et ce après la date officielle de fin des combats. La France se grandit à chaque fois qu’elle regarde avec sérénité son histoire et à chaque fois qu’elle se montre capable de réparer les injustices qu’elle a, pour tout un tas de raisons, commises au fil du temps.
Je terminerai en rappelant ce point fondamental : ne vont loin que les peuples qui ont de la mémoire. Si nous voulons que notre pays soit capable de se tourner vers les mille sentiers de l’avenir, encore faut-il qu’il soit en mesure de regarder son histoire avec fierté, courage et sérénité.