Lors des discussions du volet culture du projet de loi de finance 2012, Philippe FOLLIOT est intervenu afin de défendre sa conception de la culture française. Selon lui, la défense de la culture passe tout autant par la sauvegarde du patrimoine que par le soutien à la création artistique. Cette dernière devant jouir d’une certaine liberté vis-à-vis des contingences économiques et marchandes. Il a tenu également à distinguer la culture populaire de la culture de masse, le rôle de l’Etat devant favoriser un très large accès aux œuvres culturelles tout en ne négligeant pas la qualité artistique de ces dernières. Enfin, il a eu à cœur de promouvoir la culture tarnaise en insistant sur la diversité et la richesse patrimoniale de la région.
Voici l’intégralité de son intervention :
Philippe FOLLIOT. Mes collègues, ayant déjà abondamment traité des grandes lignes de ce budget en commission élargie, je tiendrai aujourd’hui un discours un peu différent.
Il est peu de sujets sur lesquels l’opposition entre gauche et droite ait aussi peu de sens qu’en matière de culture. Vous le savez, l’ambition des centristes est de sortir du sectarisme et des clivages pour rassembler, au-delà des étiquettes, ceux qui veulent sauvegarder notre patrimoine et soutenir la création et l’éducation culturelles.
Nous avons été les seuls, il y a quelques années, à centrer notre action et notre programme autour de trois axes forts : la dette, l’Europe et la culture. Dans la situation actuelle, on voit tout le bien-fondé de ce message : défendre la culture, c’est défendre le patrimoine, la création et la transmission culturels.
Nous défendons une culture qui ne soit pas soumise aux contingences de la société marchande. Naturellement, il faut que les auteurs vivent, que les producteurs puissent être rémunérés, mais la culture ne peut ni se résumer à son aspect marchand ni être entièrement soumise à l’État et à ses financements. C’est un peu cela, l’exception culturelle française.
Nous tenons également à défendre la noblesse et la qualité de la culture populaire, de la culture du peuple – et non de la culture de masse. Le rôle de l’État, à travers le budget de la culture, doit être de laisser la culture largement ouverte à ceux qui n’ont pas avec elle une relation facile, une relation d’enfance. Nous sommes le pays qui crée le plus d’œuvres, mais chaque œuvre y touche beaucoup moins de public qu’ailleurs.
Il faut donc que l’État consente enfin un très grand effort en matière de distribution, de diffusion, de vulgarisation. Notre pays a un patrimoine culturel exceptionnel, c’est l’image de la France, sa plus-value à l’étranger. La France éternelle, c’est celle de Paris, de l’incontournable tour Eiffel à la Maison de l’histoire de France en projet ; celle des Goncourt et des Lumières ; celle des impressionnistes ; celle du festival de Cannes et du spectacle vivant.
Mais c’est aussi la France des territoires, dans la diversité de ses paysages, de ses architectures, de ses gastronomies, de ses savoir-faire, des hommes et des femmes qui agissent pour la culture.
Une culture existe à coté de celle des grands équipements emblématiques, celle des territoires. Je veux vous parler de ma petite France, celle du département du Tarn cher à mon cœur. C’est la cathédrale d’Albi récemment classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, la ville de Castres avec les maisons sur l’Agout, Sidobre aux paysages sculptés, les mégalithes de la région murataise. C’est aussi le prieuré d’Ambialet, la chapelle Saint-Jean-del-Frech, le pavillon d’Adélaïde à Burlats. C’est le musée Toulouse-Lautrec à Albi, le musée Goya à Castres, véritable joyau auquel il manque un écrin, le musée du protestantisme à Ferrières.
C’est le spectacle vivant, avec les festivals de musique classique « Forum » et « À portée de rue » à Castres, le festival « Pause Guitare » à Albi, sans oublier le théâtre amateur qui fait ses « Mascarades » à Alban.
C’est aussi l’éducation et l’apprentissage de la culture, avec l’École nationale de musique et de danse du Tarn et toutes les actions menées pour les territoires, depuis les bibliobus jusqu’aux expositions organisées dans le moindre de nos villages.
Mais c’est également une vision tournée vers l’avenir, avec entre autres le projet du Grand Théâtre d’Albi, qui aura une belle signature architecturale. N’est-il pas temps d’ouvrir une nouvelle page dans la politique culturelle en France ? Après avoir vécu sur l’héritage d’André Malraux relayé par d’autres dont Jack Lang, le temps n’est-il pas venu de définir une politique culturelle pour le XXIe siècle ? Ce débat passerait par des états généraux de la culture. Voilà une mission pour le Gouvernement, qui doit dialoguer non seulement avec l’administration culturelle, mais avec les artistes eux-mêmes.