Avant de partir aujourd’hui en déplacement de cinq jours au contact de nos troupes au Mali avec la mission d’information parlementaire sur l’opération SERVAL, Philippe FOLLIOT est intervenu, à la tribune de l’Assemblée nationale, lors du débat sur l’intervention au Mali le lundi 22 avril. Ce débat relatif à l’autorisation de prolongation de l’intervention des forces françaises au Mali a été suivi d’un vote à l’unanimité en faveur de cet allongement. Au nom du groupe UDI, Philippe FOLLIOT a rendu un hommage appuyé aux militaires français morts sur le terrain et aux soldats qui, chaque jour, défendent la souveraineté d’un État, le droit international et la démocratie. Il a assuré la représentation nationale et le Gouvernement du soutien unanime et constant du groupe UDI concernant cette intervention. Il est des sujets où l’unité nationale doit prévaloir sur les postures politiciennes et Philippe FOLLIOT a rappelé que la France sera toujours derrière ses soldats. Rendant aussi un hommage aux alliés qui ont combattu aux côtés de la France, il a tenu a rappeler le rôle majeur de l’Algérie et du Tchad. Si l’opération Serval est une réussite au vu des objectifs, tous atteints, la guerre n’est pas encore terminée et il faut maintenant aider à la reconstruction de ce pays à travers l’installation de la démocratie, l’organisation d’élections présidentielles ou encore la formation de l’armée malienne. Concernant la France et l’Europe, Philippe FOLLIOT a tenu à rappeler que nous avions besoin d’un budget fort pour la défense et de moyens d’action conséquents afin de sauvegarder notre capacité d’intervention et la puissance de notre armée. Enfin, il a posé la question de la relance d’une politique européenne de la défense qui permettrait à l’Europe de pouvoir agir d’une manière unie, rapide et efficace. La France a démontré qu’elle pouvait venir en aide au continent africain mais, dans un contexte de plus en plus difficile, une réponse paneuropéenne serait efficace pour accompagner le Mali !
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M. Philippe FOLLIOT. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, messieurs les ministres, mesdames les présidentes de commission, mes chers collègues, le métier de militaire n’est comparable à nul autre parce qu’au bout de l’engagement il y a le sacrifice suprême, celui de la vie. Mes premiers propos seront donc pour nos soldats morts pendant ce conflit et pour leurs familles, car ils ont, par leur engagement et à l’instar de ceux qui sont tombés en Afghanistan, fait honneur aux armes de la France. Il me semble important de souligner la nature de cet engagement et les conditions extrêmement difficiles dans lesquelles nos hommes ont combattu du fait de la chaleur, de l’isolement et de la nature de l’adversaire, qui n’a rien lâché. Nous pouvons affirmer qu’aucune autre force armée, ni en Europe ni même dans le monde, n’aurait été capable de faire ce qu’ils ont fait. Ils méritent à ce titre le respect de toute la représentation nationale. L’opération engagée sur l’initiative du Président de la République a été dès le départ soutenue par l’UDI. En effet, lorsque nous sommes confrontés à des enjeux qui sont de nature à transcender les clivages et les divisions, il faut faire preuve d’unité, d’union nationale et de responsabilité. C’est ce que nous avons fait et nous ne le regrettons pas. Près de 6 000 de nos concitoyens étaient en effet sous la menace des groupes djihadistes qui fondaient sur Bamako. Cela méritait une réponse immédiate et forte ; notre pays l’a apportée. Au-delà de cette réponse, c’est une action de reconquête de l’ensemble du pays qui a été engagée et il était important et essentiel que nous la menions jusqu’au bout. Cela a été fait avec réussite, professionnalisme, dynamisme et efficacité. Nous pouvons constater qu’un certain nombre de pays nous ont apporté une aide importante. J’en citerai deux en particulier : l’Algérie, qui a su fermer sa frontière, quand son territoire aurait pu servir de base de repli aux djihadistes, mais aussi le Tchad, dont les forces ont montré une grande efficacité sur le terrain, notamment dans les actions menées dans l’Adrar des Ifoghas. Les soldats tchadiens ont payé le prix du sang et méritent de ce fait notre respect. Aujourd’hui la situation militaire semble stabilisée et que les opérations ont été menées dans de bonnes conditions. Il est important maintenant de réfléchir sur la façon dont les choses vont se dérouler par la suite. La France apportera son soutien et sa contribution à la force internationale qui sera déployée dans le cadre de l’ONU, la MINUSMA. Elle maintiendra en outre sur place un certain nombre de troupes, qui stationneront le temps qu’il faudra pour mener cette opération à son terme dans de bonnes conditions. Il est vrai que certains se sont fait l’écho des interrogations qui étaient les nôtres sur le peu d’empressement que nombre de nos partenaires européens ont montré pour nous accompagner sur le terrain au-delà des actions de formation. Il faudra que nous prenions la mesure de ces manquements. Ils montrent la nécessité de relancer la politique européenne de la défense et de faire en sorte d’avoir demain les moyens de continuer à intervenir ainsi. La France a montré qu’elle pouvait aussi intervenir sur un plan tactique en faisant des opérations aéroportées, ce que nul n’avait fait depuis plusieurs décennies. Pour qu’elle conserve sa capacité à intervenir dans des opérations de ce type, il faudra que la programmation du budget de la défense pour les prochaines années intègre ces enjeux. Un proverbe africain dit : « On n’est pas orphelin d’avoir perdu père et mère, mais d’avoir perdu l’espoir. » Alors que les Maliens avaient perdu souveraineté et intégrité face aux djihadistes, nous leur avons rendu l’espoir grâce à l’intervention que nous avons menée. Aujourd’hui, il reste à construire la paix et à promouvoir le développement, deux objectifs auxquels la France devra elle aussi contribuer, comme elle l’a fait pour la stabilisation du pays.